Avec l’arrivée du virus, c’est toute l’économie mondiale qui a connu un chamboulement majeur. Si aujourd’hui les relations sino-africaines sont encore possibles, le poids des différentes récessions économiques qui auront lieu suite au COVID-19 peuvent jouer un rôle dans ces mêmes relations ainsi que sur l’avenir économique africain.
Depuis plusieurs années déjà, l’émergence du continent africain ne cesse de faire débat. En effet, si le terme de pays “en développement” a été mis de côté, désormais on parle de pays en émergence et le continent africain n’y échappe pas.
Selon les prévisions de la Banque mondiale partagées en 2018, parmi les dix pays avec le taux de croissance économique le plus élevé au monde, y figuraient six pays africains: le Ghana (1er), l'Ethiopie (2e), la Côte d'Ivoire (4e), le Djibouti (5e), le Sénégal (8e) et la Tanzanie (9e).
De plus en plus, de nombreux pays occidentaux investissent dans les pays africains, certains dans le pétrole tandis que d’autres, dans le tourisme ou encore, le gaz. Avec ces nouvelles arrivées et nouveaux investisseurs, le continent se tend vers une croissance économique accrue et une expansion affirmée, sur le devant de la scène internationale.
La Chine et l'Afrique, des alliés depuis longtemps
Parmi les pays investisseurs, la Chine se dresse comme précurseur et visionnaire vis à vis du potentiel africain.
En effet, depuis plusieurs années déjà, la Chine s’est implantée dans plusieurs pays africains, proclamée alliée de ces derniers, avec par exemple son soutien au FLN en Algérie durant la guerre d’indépendance. Les relations sino-africaines ont dès lors été assumées et affichées à travers leurs relations aussi bien économiques que politiques, comme avec par exemple l’abstention du vote lors de la guerre en Libye par la Chine.
Si l’émergence du continent africain se fraye un chemin vers la scène internationale, la place de la Chine y joue un rôle majeur. Avec son implantation, l’économie de certains pays africains ainsi que leur PIB ont augmenté considérablement au fil du temps.
Des dettes supprimées
En 2000, naît le Forum de Coopération Afrique-Chine (FOCAC).
Ces forums sont, à leurs débuts, une plateforme d’échanges entre les pays africains et la Chine, puis petit à petit sont devenus de véritables événements politiques où y sont discutés de nombreux accords ainsi que des enjeux stratégiques, aussi bien politiques qu’économiques. Ainsi, en 2006, à l’issu de la parution d’un livre blanc intitulé “La politique de la Chine à l’égard de l’Afrique”, la république démocratique populaire chinoise décide d’annuler les dettes de 31 pays africains, soit un total de 10 milliard de yuan.
Avec le FOCAC, les relations sino-africaines ont été renforcées et ont permis la mise en place de nombreux accords et nouveaux projets. En effet, entre 2000 et 2007, les relations commerciales ont été multipliées atteignant quelques 60 milliards de dollars en 2008, pour atteindre en 2013, 133 milliards de dollars, selon les informations du journal Le Monde.
Un impact sur la croissance économique
La Chine a ainsi investi dans plusieurs pays africains, dont notamment l’Ethiopie. Avec ses 109 millions d’habitants, ce pays africain est devenu le point culminant pour les investissements chinois.
Ainsi, depuis les années 2000, l’Ethiopie est le deuxième bénéficiaire des prêts chinois. La grande majorité de ces prêts ont été investis dans les infrastructures telles que la construction de barrages, de chemins de fer ou encore, d’usines de manufacture, pour pratiquement 12,3 milliards de dollars, bien que le pays ne dépend quasiment d’aucune ressource naturelles, contrairement au Soudan ou Nigéria avec le pétrole.
Avec cette présence chinoise, nombreux sont les pays africains qui, à cause du consensus de Washington, ont pu se relever de l’impact destructeur que l’Amérique a laissé derrière elle avec son consensus.
Une intervention qui entraîne des risques
Aujourd’hui, plus d’un quart des exportations de l’Afrique noire, part en direction de la Chine. Avec ses investissements, ses prêts ou encore ses accords passés avec le continent, la Chine tient une place prépondérante dans l’économie africaine et plus encore dans sa croissance. Si cette place a certes joué un grand rôle dans l’émergence du continent elle peut, dans la même lignée, devenir l’une des raisons de la chute du continent. En effet, et au vu des récents événements actuels, avec le COVID-19 et le ralentissement économique chinois, l’Afrique risque une très grande surexposition vis à vis de la Chine. Avec le ralentissement économique brutal qu’a connu la république démocratique populaire chinoise, auparavant, de nombreux pays africains ont été impactés, notamment par la chute des prix des matières premières.
Par ailleurs, en 2005, l’expiration de l’accord multifibre a semé l’inquiétude au sein du continent africain. En effet, la confection est une activité majeure du continent et avec l’expiration de l’accord, la Chine devenait alors un concurrent important. De plus, avec les nombreux prêts que la Chine propose aux pays africains, le risque d’un surendettement plane au dessus des pays. En effet, en raison des conditions très favorables pour les financements des investissements chinois, la hausse de l’endettement n’est jamais bien loin.