Face aux incompréhensions et aux plaintes sur les droits d'auteur, le MACICA (Mouvement des Auteurs, Compositeurs et Interprètes du Cameroun) et les musiques urbaines ont organisé une session de discussions et d'échanges afin d'évaluer et de mettre en exergue les différents pans de l'attribution des droits d'auteur.

Cette réunion s'est déroulée le 03 septembre 2020 à la "Case des Arts" du quartier Titi Garage à Yaoundé. Bon nombre d'artistes musiciens, interprètes, observateurs et journalistes y ont participé. Les thématiques abordées ont tourné autour de la gestion collective des Droits d'Auteur au Cameroun.

Il s'agissait ensuite de mettre sur le carreau la loi N°20/20/011 du 20 juillet 2020, régissant les associations artistiques et culturelles au Cameroun.

Les droits d'auteur au centre des préoccupations

Le président du MACICA en la personne de Bilik Atangana Joël, s'est longuement exprimé sur ce processus et de sur sa planification. "Lorsqu'on adhère à la SOCAM (Société Civile Camerounaise de l'Art Musical), les oeuvres ne sont pas directement transférées à la SONACAM (Société Nationale Camerounaise de l'Art Musical). L'agrément n'est pas rétroactif, alors les sociétés héritent du répertoire actif.

Il faut donc constituer un fichier numérique, et c'est un travail qui doit être fait de façon normalisée. L'artiste ou les artistes doivent se munir d'au moins 1CD (au bas mot 5 ou 6 titres), 1 demi-carte photo, 10.000 fr CFA d'adhésion et 1000fr CFA pour l'inscription avant de remplir le fichier, qui par la suite seront reversés aux Droits Voisins", a commencé ce dernier.

Selon le président du MACICA, il faut un logiciel qui devra traiter la répartition et la diffusion à travers le satellite. Il coûterait environ 200 millions de FCFA. A l'heure actuelle, la SONACAM ne dispose même pas de 100 millions de FCFA, ce qui est différent de l'Europe où par exemple on paie les droits d'auteur aux artistes par mois où tous les 6 mois.

Selon Bilik Atangana Joël, on devrait ramener le numérique dans les OGC (Organismes de Gestion Collectives), car il y a cette part sociale qui entre en jeu.

L'union des jeunes artistes des musiques urbaines dans le viseur de la SONACAM

Dans les perspectives de la SONACAM, elle prévoit une répartition dans 6 mois. Par ailleurs, lorsque la copie sera légalisée, ils s'étendront par mois (les droits d'auteur) et les droits voisins vont s'étendre chaque 6 mois.

Durant les échanges entre les artistes, le MACICA et la SONACAM, il est ressorti que les artistes devraient dorénavant se munir des copies privées de leurs oeuvres qui peuvent être des cartes mémoires, des clés USB, des CD entre autres.

La répartition ira entre les droits d'auteurs (25%), les chronographes (25%) ou encore les producteurs, vidéastes (50%) etc... Cependant, Bilik a tenu à préciser que la loi de la gestion des artistes (gestion collective) est libre et individuelle (aucune fiabilité concernant la réception des chansons). De ce fait, la SONACAM a deux commissions que sont la commission d'identification et la commission des répartitions (1054 artistes). "Nous voulons rajeunir les commissions, car tous ne connaissent pas les artistes, surtout les nouveaux.

D'où la nécessité de numériser les fichiers.

Trop d'artistes font des requêtes. Si un artiste a généré une certaine somme, supposons 1000 dollars et plus, il passe directement en répartition. Il faut déclarer les mélodies, sinon ça rentre dans le domaine public. Les artistes doivent connaitre la Loi. Les chansons peuvent être interprétées dans les cabarets, mais si elles sont enregistrées, elles doivent automatiquement avoir l'aval des artistes propriétaires des droits. Lorsqu'un label reproduit le CD d'un artiste, il doit être rémunéré", a continué le président du MACICA.

La présence du Directeur Général de la SONACAM, le nommé Awal Bakary a également apporté quelques éclaircies aux questionnements des nombreux artistes présents.

"Les jeunes doivent être présents et se fédérer pour que le processus réussisse. Les jeunes n'ont pas de label qui protègent les droits des jeunes artistes à l'extérieur comme à l'intérieur du Cameroun. On peut aujourd'hui dire que les jeunes artistes sont dans la débrouillardise, car ceux-ci n'ont mis aucune politique pour protéger leurs droits, pourtant il y a un organisme de gestion collective avec qui ils peuvent travailler en collaboration.

Il faut à tout prix user du 'Principe de la Territorialité'. Ceux-ci doivent être dans les organes de décisions. Il s'agit bien évidemment de ceux qui font des chiffres. Vous devez vous mobiliser et protéger vos droits, et déclarer vos spectacles. Nous on peut déclarer la CNPS (Caisse Nationale de Prévoyance Sociale). C'est un vaste chantier, et lorsque tout est joué, il crédite automatiquement le compte de l'artiste, et cela demande des gros moyens, car il faudra des coffrets pour comptabiliser et rentabiliser les gains", a terminé Awal Bakary.