Une semaine après le tremblement de terre du lundi 6 février, le bilan cumulé toujours provisoire dépasse désormais les 33 000 morts : 29 605 en Turquie et 3 574 en Syrie. Des chiffres qui pourraient doubler selon l'Organisation des Nations Unies. Sur le terrain, de nombreuses considérations essentiellement politiques et logistiques compliquent l'acheminement de l'aide internationale vers les régions sinistrées.

L’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, s’avère encore plus compliqué que pour la Turquie.

Le gouvernement de Damas a toutefois autorisé vendredi l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble du pays, zones occupées par les rebelles comprises.

En Turquie c'est l'heure des règlements de compte. Dans les zones touchées, se pose avec virulence, la problématique de la fragilité des constructions défigurées et aplaties à même le sol, "structures en pâte" devenus "tombeaux à ciel ouvert". Confronté à la colère des victimes et aux critiques de l'opinion, l'Etat turc s'en prend aux entrepreneurs et experts du secteur du bâtiment ayant un lien avec ces infrastructures renversées, défigurées et même pour certaines totalement effacées par ce séisme. Plus d'une dizaine d'entrepreneurs ont été déjà arrêtés au sud du pays.

Et les investigations se poursuivent sous le contrôle des procureurs locaux.

Le barrage de Sultansuyu fragilisé

Une semaine après la catastrophe et malgré l'hiver glacial, les secouristes se relayent jour et nuit sans relâche pour extraire des personnes vivantes de tout âge des décombres de bâtiments entiers totalement effondrés dont il ne reste parfois, que des amas de ferrailles et de béton.

En Turquie, à Hatay, dans une résidence de 12 étages de plus d'un millier d'habitants touchée par le séisme dans la nuit du lundi dernier, seuls 70 d'entre eux ont survécu. Des centaines de corps sont encore à ce jour, sous les décombres.

Les secousses successives en Turquie ont aussi lourdement fragilisé la structure du barrage de Sultansuyu dans la province de Malatya en service depuis 1992.

Et voilà qu'elle risquerait de céder à tout instant. Il retient 53 millions de mètres cubes d'eau et présente actuellement d’importantes fissures. Les habitants aux alentours du barrage sont très inquiets. Les autorités locales se sont limitées à appeler les habitants à la prudence.

Le Qatar au secours de la Turquie

Pour contribuer à "atténuer" les effets de cette apocalypse, les autorités du Qatar ont affirmé leur soutien total à la Turquie et ont déjà envoyé 100 tonnes d’aide et une importante équipe de secours. Les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Ces dernières années, le Qatar a injecté des milliards de dollars dans l’économie turque.

Le riche émirat du Golfe a également annoncé un envoi rapide à partir de ce lundi, de plus de 10 000 cabines mobiles utilisées lors du Mondial de football.

L’annonce de cette aide logistique a coïncidé avec la visite ce dimanche à Istanbul de l’émir Tamim ben Hamad Al Thani, la première d’un dirigeant étranger en Turquie depuis la catastrophe.

Les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite au secours de la Syrie

Plus de cinq millions de Syriens sans abri ont été dénombrés après ce tremblement de terre. Pour la Syrie, "c'est une crise dans la crise". Une guerre civile perdure en effet dans le pays depuis 2011 cumulée à une double crise économique et sanitaire ces dernières années, et maintenant un séisme dévastateur en plein hiver. Cette situation a affecté l'acheminement de l'aide aux victimes.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé que la Syrie comptait déjà 6,8 millions de déplacés depuis le début de la guerre civile et que plus de 5 millions de personnes chercheront de l'aide dans des abris à travers le pays après ce séisme.

Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence à l'ONU, a reconnu que qu'ils avaient "fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. (...) Ils se sentent à juste titre abandonnés". Il faut désormais "corriger cet échec au plus vite", a-t-il conclu.

L'aide internationale commence quoique très tardivement, à parvenir en terre syrienne. Les convois franchissent maintenant, depuis la Turquie, la frontière au nord-ouest. Par les airs, 62 avions en provenance notamment d'Arabie Saoudite chargés d'aide sont déjà arrivés.

Le ministre des affaires étrangères des Emirats arabes Unis Abdallah ben Zayed Al-Nahyane est également arrivé à Damas.

Une énorme aide humanitaire emirati a été également annoncée aux syriens. Abou Dhabi a dans un premier temps prévu 12,7 millions d’euros pour la Syrie avant de promettre 47 millions d’euros supplémentaires.

Beaucoup de douleur mais toujours le bonheur des sauvetages miraculeux

En Syrie à Jableh, de nombreuses familles ont été déchirées par ce drame, une situation extrêmement douloureuse sur place où l’espoir de retrouver des survivants s'amenuise de jour en jour. Beaucoup de douleur également en Turquie mais paradoxalement dans les deux pays, des cas de sauvetages miraculeux continuent d’être rapportés par les secours suscitant à chaque fois des élans de joie et de bonheur.

Au sud de la Turquie, à Hatay (District d'Antakya), une femme de 63 ans, à Adiyamad, une femme de 23 ans, sa sœur de 28 ans et un homme de 35 ans ont été tous sauvés plusieurs jours après le séisme grâce aux efforts des sauveteurs.

Près de 32 000 personnes sont mobilisées pour les opérations de recherche et de secours, ainsi que quelque 8 000 secouristes étrangers selon l’agence turque chargée des catastrophes naturelles.

Une semaine après la tragédie, les chances de tirer encore plus de survivants des décombres sont très faibles. Faibles, mais "pas nulles". Des enfants, des femmes, des hommes sont encore découverts vivants. Dernièrement à Antakya également, des équipes de secours ont effectué le sauvetage d'un bébé.