Le créateur Philipp Plein nous en a mis plein les mirettes pour son défilé de New York. Tout a commencé avec des pierres Swarovski sur des vestes militaires. Un peu plus d’une décennie plus tard, Philipp Plein est devenu l’un des designers allemands les plus prospères. Sa mode ? C’est le Rock’n’roll qui rencontre le glamour, un mélange saisissant d’imprimés expressifs, de peaux d’animaux, de strass et de crânes. Sacs à main cloutés, escarpins à paillettes vertigineux, côtoient des vestes avec beaucoup de cuir, beaucoup de fourrure. On se souvient de Pierre Sarkozy, fils du président français de l’époque, comme modèles pour ses publicités.
En Allemagne, Heidi Klums affichait des robes ultra-courtes et ses talons hauts épineux. Cette semaine, c’est au tour de la compagne de l’acteur Bradley Cooper, en combinaison moulante avec l’inscription « I love you Philipp Plein » de représenter l’enseigne. Elle défile main dans la main avec un androïde au rythme de Fly Me to the Moon de Frank Sinatra, sous le regard stupéfait du public.
Un créateur qui sait faire parler de lui
Philipp Plein est un quadra bavarois né à Munich en 1978, il est diplômé de l’école du château de Salem et a ensuite étudié le droit à Erlangen. Son père est cardiologue. De ses parents, il n’obtient pas eu un sou pour débuter, seule sa grand-mère l’a aidé avec un capital de départ de 2000 Mark.
De là, il construit des cannes en acier, des tables, des chaises et les recouvre d’une peau de crocodile en relief, « avant qu’Armani ou Fendi ne trouvent l’idée ». Il tire avantage des chutes de matériaux pour créer des sacs et accessoires. La marque Moët & Chandon lui propose de décorer le salon-lounge VIP sur le salon allemand de Düsseldorf, la métropole rhénane se veut la ville incontournable pour les précommandes du prêt-à-porter.
Moët & Chandon ne peuvent pas le payer, mais acceptent qu’il y expose ses sacs. En une soirée, il en vend pour 100 000 euros ! Il ouvre sa première boutique dans la discothèque de Munich P1. Philipp Plein fonde sa première marque de vêtements décontractés. Des vestes militaires décorées avec une tête de mort en cristaux aux collections Heavy Metal, le designer a le génie de la mise en scène et celui des affaires puisqu’une centaine de boutiques s’ouvrent à l’international.
Il crée Plein Sport, la première griffe d’articles de sport de luxe au monde. Philipp Plein annonce alors qu’il a acheté en 2016 le label italien fondé en 2005 par Flavio Briatore. Billionaire Couture reste une marque de prêt-à-porter somptueuse italienne pour hommes. Ce sont des vêtements pour un style de vie festif et nocturne. Bien sûr, du denim s’annonce dans la collection, mais ce sont des jeans à jumeler avec un veston de cérémonie et une paire de mocassins en soie. Pour la sélection Billionaire automne/hiver, Philipp Plein avait garé un hélicoptère en or sur le podium et le thème était Dallas, où les smokings étaient assortis avec des chapeaux Stetson. Parmi ses fans, on peut dénombrer des chanteuses (Madonna, Nicki Minaj ou Fergie), des rappeurs (Lacrim, Chris Brown, Snoop Dog, Gradur).
Mais figurent aussi des footballeurs (Mario Balotelli, Cristiano Ronaldo, David Beckham), des it-girls (les sœurs Kardashian, Paris Hilton, Lindsay Lohan). Des influenceurs (Sofia Richie, Anwar Hadid) des mannequins populaires, notamment Jeremy Meeks, un repris de justice travaillent aussi pour le concepteur. Mais Philipp Plein s’est également entouré de professionnels très réputés : la styliste Carine Roitfeld, le producteur de défilés Étienne Russo, le photographe Steven Klein, le bureau de presse Karla Otto. Le petit milieu de la mode a longtemps regardé avec dédain cet outsider qui clame son amour de l’argent et se fiche du bon goût, mais l’homme d’affaires a tout analysé. Il produit maintenant dans les meilleures usines, le cachemire, où Chloé et Valentino commandent aussi des chaussures, où sont fabriqués Louboutin et Jimmy Choo.
À ce jour tout est « made in Italy » avec lui.
Plus qu’un défilé, c’est un spectacle, un festival glamour de l’ère spatiale sous la neige avec soucoupe volante, Irina Shayk et un robot
Un défilé Philip Plein coûte plus d’un million d’euros. Le nom de Philipp Plein s’était déjà reconnu sur toutes les lèvres à la Fashion Week printemps-été 2018. La performeuse burlesque Dita Von Teese avait ouvert la parade, puis la danseuse Teyana Taylor dans une tenue très échancrée, s’était lancée dans une chorégraphie effrénée. Le spectacle avait affolé le compteur des réseaux sociaux. Cette fois-ci, le créateur nous transporte dans un blockbuster futuriste. Sa manifestation artistique sur le thème de l’espace AW' 18 s’est hissée à la hauteur de la réputation de la fashion Week de New York.
Les spectateurs ont traversé la rivière Hudson pour se rendre au Navy Yard Warehouse de Brooklyn en ferry. À l’ouverture du défilé, deux motoneiges ont tourné en boucle à travers des décors hivernaux de stuc blanc et autour d’une montagne de fer, dans l’entrepôt reconverti en un paysage lunaire. Au beau milieu duquel se trouvait un vaisseau spatial savamment éclairé de laser.
Les stars du hip-hop américain Migos et Rich the Kidd, ont interprété leurs nouvelles chansons : Bad and Boujee, et Motors Sport. Quand soudain, une soucoupe volante de 18 mètres de large descend du toit, elle ouvre ses portes pour révéler le super modèle et ex-Mme Ronaldo, Irina Shaykh. Un robot de 2 mètres 50 prend le top model par la main.
Ils effectuent un tour de la passerelle avec pour musique de fond la bande originale de Frank Sinatra « Fly me to the Moon ». La collection féminine s’est dévoilée résolument inspirée par Barbarella. Les modèles se coiffent de perruques géantes pastel, des combinaisons métalliques et des bottes de ski à fourrure, tandis que les mannequins masculins de Philipp Plein passent dans des salopettes argentées, et des pantalons de sport d’hiver agrémentés de ballons gonflables. Le défilé s’est clôturé par une rave improvisée. Une soirée d’après-spectacle s’est organisée sur le thème d’Ibiza avec Slick Woods, Cordell Broadus, Christian Combs et Steven Klein.
Le prix moyen d’une pièce Philipp Plein se situe entre 250 et 100 000 euros pour le blouson en cuir.
Pour les hommes, la collection propose une veste en cuir de crocodile, « fini avec des fermetures à glissière décalées et le logo Philipp Plein, à l’arrière » pour le prix de 49 998 euros avec déjà une vingtaine de pièces commandées. Les boutiques qui vendent le plus se positionnent sur le continent asiatique, qui représente un peu plus de 20 % des profits, et ensuite en Russie, à hauteur de 20 %. Ultérieurement, c’est l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche. En Russie, les femmes forment 65 % de leur clientèle, et en Asie, les hommes sont leurs meilleurs clients.