Pouvez-vous définir simplement la notion de transfert en psychologie?
C’est difficile de la définir simplement, car c’est une notion qui se réfère à des pulsions relativement complexes. On parle de transfert lorsque le patient remplace, plus ou moins consciemment, la relation affective qu’il a avec ses parents, ou qu’il aurait dû avoir et qui lui pose un problème psychologique, par une relation du même type avec son analyste. Pour faire encore plus simple, c’est quand l’analysant tombe amoureux de son analyste.
Il y a peu de littérature en ce qui concerne le contre-transfert…
Il existe peu de littérature sur le contre-transfert, beaucoup moins que sur le processus de transfert.
Sans doute car seuls les psychanalystes qui sont confrontés à ce processus pourraient en parler, et que c’est également un sujet extrêmement sensible, encore plus que celui du transfert. Jung l’a évoqué et on sait que le sujet du contre-transfert a été la raison de la rupture entre Freud et certains de ses disciples, dont Ferenczi. Le contre-transfert consiste à, premièrement prendre en compte le transfert opéré par son patient, et ensuite à adopter les mesures destinées à traiter la pathologie du patient. Il va donc de soi que le patient s’étant positionné dans une relation amoureuse, le thérapeute devra comprendre les raisons du transfert du patient afin de poursuivre la cure.
Est-ce que ce mécanisme comporte des risques?
Evidemment, ce mécanisme comporte des risques considérables. Si les risques pour le patient atteint d’une légère névrose restent limités, ils peuvent devenir mortels dans des cas plus graves, d’autisme par exemple, dans lesquels le patient pourrait se sentir méprisé, voire rejeté et réagir de façon agressive ou autodestructrice.
Pour le thérapeute, le risque est de ne pas maîtriser ses émotions et de tomber vraiment amoureux.
Face à un cas pareil, quelle est la réaction à adopter?
Il semble qu’on ne peut pas empêcher le transfert chez certains patients. C’est pour tenter de régler ce genre de problèmes, avant tout affectifs, qu’ils s’engagent dans une analyse.
La meilleure attitude à adopter pour le thérapeute est de parfaitement analyser ses propres émotions créées par le transfert de son patient, et ensuite de les maîtriser pour revenir à une attitude d’empathie, de manière à ne pas opérer un rejet trop brutal des attentes du patient. Je dirais que la meilleure façon de traiter le contre transfert pour un thérapeute, serait d’aimer son patient qui fait un transfert, mais de l’aimer d’une manière totalement inconditionnelle sans rien attendre en retour.
Peut-on considérer certaines de ces relations comme de l’amour véritable?
Dans la plupart des cas, l’amour d’un patient qui transfère son amour de son parent à son thérapeute est un amour véritable, puisqu’il est effectivement ressenti comme tel.
Ce qui n’est pasvéritable, c’est l’objet, c’est-à-dire que le patient se trompe d’objet amoureux. Ce n’est que si le patient intègre consciemment que son amour est bel et bien dirigé vers le thérapeute que ce sera un amour véritable. A l’inverse, si le thérapeute aime son patient sans que celui-ci soit sorti de sa situation de transfert, il se place dans une position de parent... Lorsque le patient a évacué sa situation de transfert et aime le thérapeute sans qu’il soit un substitut de parent, et que le thérapeute aime le patient pour ce qu’il est, alors on peut certainement parler d’amour véritable.
Mais c’est un métier qui permet, pour peu que le thérapeute soit parfaitement conscient de ses émotions, de donner, au quotidien, un amour pur et désintéressé.
Un thérapeute honnête et intègre peut, à l’issue d’une psychothérapie réussie, entretenir une réunion amoureuse, sincère et durable avec son patient, guéri de son transfert et heureux de l’être.