L'affaire Bygmalion, c'est quoi ?

Une campagne hollywoodienne, des meetings de folie (15 prévus, 48 au final...), des dépenses qui s'enflamment et pourtant une règle : 22 millions d'euros maxi de frais de campagne.

Seulement, voilà, la folie des grandeurs est difficilement compatible avec cette loi. Qu'à cela ne tienne ! On va pas jouer sur les mots. Mais avec les chiffres. Puisque les factures ont dépassé le quota autorisé avant même la fin de la campagne, on va les alléger. Et facturer le « surplus » à l'UMP. Juste une histoire de « ventilations ».

Qui en a décidé ? Qui était au courant ? Mystère, chacun des 14 mis en examen (dont Nicolas Sarkozy) se renvoyant la balle. Certains disent que tout le monde savait, comment pouvait-il en être autrement? (y compris Copé). D'autres font même semblant de ne pas connaître certains de leurs interlocuteurs (Sarkozy est mené sur la scène de chacun de ses meetings par Franck Attal, dirigeant de Event, branche « évenementiel » de bygmalion, mais affirme ne pas le connaître...)

Sur le terrain, on exécute

Comment ça se passait ? Plutôt pas mal ! Une fois la machine lancée, impossible apparemment pour qui que ce soit de faire marche arrière, et surtout pas pour Bygmalion et Event, qui ont déjà fait leurs prestations et qui veulent être payés.

Donc, tout le monde ferait comme on lui dit de faire. On ? Aux juges de décider qui est qui. En tous cas, rapidement, les factures sont revues à la baisse, mais pas leurs prestations. Un meeting serait facturé par exemple 179 389 euros (meeting de la Concorde) coûterait en réalité 1,8 millions d'euros. Et il faudra bien les sortir.

Juste une illusion, Bygmalion ?

Alors quoi ? L'affaire Bygmalion serait juste une histoire de « reventilation » pour pouvoir craquer un plus gros budget de campagne que la loi le permet ? (et finalement perdre malgré les moyens colossaux déployés..). Justement, pas seulement. Dans cette histoire, c'est tout de même gênant que les 2 dirigeants de Bygmalion soient des proches de Copé.

Autre proximité mise à jour : celle de Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Copé au moment des faits, et Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion. Il est alors légitime de se demander si les prestations auraient été surévaluées, si Bygmalion se serait enrichi sur la tête de l'UMP, si simplement tout ce petit monde évoluerait dans une ambiance de cooptation...

Envoyé spécial, un homme sort de l'ombre.

Franck Attal, patron d'Event, filiale de Bygmalion chargée d'organiser les meetings de Nicolas Sarkozy. C'est lui qui mènera le président candidat sur chaque scène de meeting. Organisation pointue, rien n'est laissé au hasard. Sauf peut-être comment la suite va se dérouler. Car il ne sait rien du fonctionnement qui va suivre.

Un monde s'écroule quand, à 3 semaines du 1er tour, sortant du siège de l'UMP, il apprend qu'il va falloir ramer pour être payé. Il se rend immédiatement chez Bygmalion, où on peut se souvenir le voir arriver livide. Sébastien Borivent, DGA de Bygmalion le reçoit et l'écoute. La décision sera prise par Guy Alvès, le patron, d'accepter le système de ventilation.

De vraies fausses factures ?

Bilan : 4 millions facturés par Event pour la campagne. 18,5 millions facturés à l'UMP. Une campagne de 45 millions qui dépasse largement le seuil autorisé. Et beaucoup qui s'accordent à dire que ce que voulait Sarkozy, Sarkozy l'avait. De là à dédouaner tout le monde parce qu'il fallait satisfaire le candidat président..

Vous aussi vous vous demandez comment ça se fait que depuis 2012 ça n'avance pas, malgré les rebondissements, et surtout toutes les preuves ? Demandez-vous ce qui vous arriverait à vous, si vous vous retrouviez devant un juge qui vous demande si vous connaissez une personne, à qui vous répondez non, et qui vous montre en photo côte à côte... Bon, on va dire que je fais du mauvais esprit. Alors je n'ajouterai pas que cette histoire va encore être reculée, parce que dans quelques mois la prochaine campagne présidentielle commence. Parfait timing ? Ça dépend pour qui...