Très belle assistance à La Villette pour François et Pénélope Fillon (plus de 14 000 personnes ? un peu moins ?) et faute d'avoir eu l'occasion d'une complète photo de famille (en présence des enfants), la salle fut plus que chaleureuse, dont acte. Admettons que la probité du couple Fillon est exemplaire, et penchons-nous plutôt sur les nouveautés du programme du futur président et de la future première dame, si tout va pour le mieux. Comme la Reine des neiges, bientôt à la retraite, Pénélope est ''libérée, délivrée'' du Penelopegate (et à son image, la France sera ''libre'') mais elle conserve l'unique compte bancaire conjugal conjoint.
Retraites, pouvoir d'achat
Revaloriser les retraites (300 euros/an pour celles à plus de cent euros du minimum vieillesse), parfait. Plus besoin de s'installer au Portugal ou au Maroc pour survivre. "Au moins 250 euros par an'' par salarié, parfait : de quoi s'offrir une mutuelle (pour les juniors). C'est du Trump à la française. Sauf que Donald Trump veut réduire les impots, alors que son émule veut relever le taux de TVA. Bref, de l'inflation et un effet de vases communicants ? Difficile de faire les comptes, des projections. Ce fut inattendu. Pas forcément contradictoire avec la rigueur promise si ce qui est donné d'une main est repris de l'autre. Pour le reste, le candidat républicain veut renforcer les quotas d'immigration.
Soit que les étudiants étrangers, qui ont les pires difficultés à venir étudier en France, sauf à payer de lourds frais ou d'être dans le peloton de tête de l'excellence (pour ceux de la Francophonie), verront les conditions se durcir. Sinon, il faut aussi instaurer, comme au Royaume-Uni, des quotas pour les ressortissants européens.
Sinon, rien de neuf, rien d'autre que l'existant. Le Trump français a pris un accent gaullien en se voulant ''libre de dire non aux États-Unis quand ils imposent leurs lois au mépris du droit international''. Sur le foie gras, les fromages qui puent, refoulés aux frontières au prétexte de précaution sanitaire ? Pour le reste, ce fut ni Marine Le Pen, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Benoît Hamon et surtout pas Emmanuel Macron.
Car ce dernier ''fait le programme de Monsieur Hollande''. Le programme du discours du Bourget ? Celui du Comité national de la Résistance? Mais c'est jeter Mélenchon et Hamon dans ses bras : ils ne pourraient que s'y rallier. Macron, ''prototype des élites'' est aux antipodes de François Fillon. L'ancien étudiant, stagiaire de vacances à l'Agence France-Presse avant de devenir assistant parlementaire et pouvoir ainsi poursuivre ses études, était le prototype de l'étudiant-salarié. Sous la faloche de l'étudiant, il restait, lui, un travailleur, en salopette. Le nouveau slogan de compagne, euh, de campagne, c'est donc ''la France libre''. Une France ''qui a l'énergie qu'il faut pour réussir seule'' sans ''les béquilles, ceintures et bretelles'' (des emplois aidés ?).
La page du Penelopegate est donc tournée. Sous les applaudissements. Un point très positif, l'engagement européen. Mais ''la directive sur les travailleurs détachés a installé un véritable dumping social dans nos nations''. Theresa May ne dit pas autre chose, et c'est, semble-t-il, ce qui fâche Bruxelles. Quelques piques aussi à l'égard de Vladimir Poutine, qui ne manque pas d'inaugurer des mosquées, mais, lui, sait les tenir et ''ne nourrit pas le projet d'imposer la charia au reste du monde''. Juste sa version révisée par le patriarcat orthodoxe de Moscou, moins contraignante. Résumons. François Fillon a brillamment réussi son meeting, infléchi, au moins sur la forme, les marges de son programme sur le volet social, n'a pas calqué Nicolas Sarkozy sur l'identité, lui préférant ''la francité'', et laissé envisager un État protecteur de l'emploi des Français.
Très belle prestation, un poil faiblarde avec le projet de rétablir l'uniforme scolaire (Montebourg sera ravi : la marinière pour tous les écolières et écoliers), mais d'une très bonne tenue dans l'ensemble.