Monsieur Sarkozy nous l'avait promis après sa défaite électorale de novembre : il compte désormais consacrer moins de temps à sa vie politique. C'est pourquoi, sans doute, il a eu droit à une réorientation offerte par son cher ami l'actionnaire, j'ai nommé Vincent Bolloré. Grâce à Bolloré, Sarkozy dirige maintenant l'information à iTélé. Et oui, après le scandale Morandini, monsieur Bolloré ose encore nous faire des coups fourrés de ce genre. Voilà qui sent bon le conflit d'intérêt, et qui plaira peut-être tout autant à la rédaction d'iTélé.

L'information a été révélée mardi par Mediapart : "Les candidats étaient nombreux, mais le choix de l'actionnaire s'est finalement porté sur l'ancien Président de la République."

Connivence entre les médias et des politiciens

Cette affaire, au final, n'est plus si surprenante, puisque, nous l'avions vu, BFM TV déclare elle aussi sa flamme pour des hommes politiques de droite tels que Macron. Comment, à ce moment, ne pas parler de propagande médiatique ? Les médias sont censés être impartiaux, objectifs, et constituer un contre-pouvoir, mais on apprend qu'en fait ils ne servent que des intérêts privés qui, eux, défendent des politiciens de droite, comme cela va de soi. Bientôt quoi ? Le service public dirigé par François Fillon ?

Soyons sérieux.

Cela nous permet d'envisager très sérieusement la thèse défendue par l'intellectuel communiste anarchiste américain Noam Chomsy, dans La Fabrique du consentement : de la propagande médiatique en pays démocratiques. En effet, dès l'introduction de cet ouvrage, l'auteur rappelle que quand on ose parler une seule seconde de probables conflits d'intérêts entre des médias (chaînes d'information, presse écrite) et des grands groupes privés qui, du coup, dirigeraient par là notre manière de penser, on est discrédité par ces mêmes qui affirment que l'on croit aux théories du complot.

Car il est pratique de se défendre en arguant que son adversaire va chercher des idées beaucoup trop loin, et qu'elles sont tirées par les cheveux, à la manière de toute théorie du complot. Mais c'est un fait : de nombreux médias ont simplement pour rôle de nous abrutir afin de nous dévier de l'intérêt pour des sujets graves, et, du moins, afin d'influencer notre vote.

Alors, vrai ou faux ? Chacun se forge sa propre opinion là-dessus. Mais l'avertissement de Marx, qui prédisait le remplacement de la religion par d'autres moyens d'endormir le peuple et de l'écarter des revendications politiques (les loisirs à la télévision, par exemple) n'en résonne pas moins fort.

Non, cette pensée n'est pas radicale : elle relève du bon sens. Nous devons nous réveiller, et arrêter de gober tout ce qui est dit à la télévision, dont les chaînes sont majoritairement détenues par de grands groupes. Drahi, patron de SFR, détient aussi BFM TV, ce qui lui permet de faire la campagne de Macron. Nous l'avions souligné il y a quelques semaines. Le problème, ici, est le même. Ceux qui ont le capital portent des convictions politiques propres à leurs intérêts, et sont également ceux qui nous informent. A méditer.