Valls a volontairement brouillé sa communication car, de Matignon aux estrades des meetings, il donne l’impression de ne pas avoir de fil conducteur. L’observation de ses différents meetings sur les terres socialistes montre un premier Ministre qui essaie de garder le côté autoritaire de sa fonction d’homme d’Etat tout en étant le candidat sympathique à l’écoute des militants PS, surtout ceux qui sont à Gauche. On reproche au Premier Ministre de dire tout et son contraire et d’accuser les députés PS frondeurs. Il dit avoir changé et ne pas être sectaire (appropriation des heures supplémentaires de Sarkozy).

L’ex Premier Ministre Valls est confronté à un problème de positionnement, à la différence d’un Hamon ou d’un Montebourg qui, assez paradoxalement, n’ont pas les habits d’homme d’Etat de Valls.

Analyse

La communication de Valls est instable car il est obligé de se justifier en permanence sur une partie du bilan et sur ce qu’il compte faire. Le message est brouillé, il revient à ses communicants de redresser son positionnement en mettant l’accent sur le projet car tout le monde sait qu’il assume en partie le bilan de Hollande. Il lui faut développer deux ou trois idées de son projet, audibles par les militants socialistes et par la Gauche, qui doivent le décentrer vis-à-vis d’un Hamon pour lequel la Gauche a de plus en plus des yeux de Chimène.

Avant les 22 et 29 janvier 2017, il y a deux ou trois débats. Il revient à Valls de ne pas mélanger les agendas et, pour chaque débat, d’insister sur deux ou trois points de son programme. Il ne suffit pas au Premier Ministre d’aller sur les terres socialistes dans le Nord ou en Auvergne, pour espérer attirer à lui les militants socialistes.

C’est vrai que le temps lui a manqué, mais une autre stratégie de communication, marquée par des envois de notes aux militants socialistes explicatives de sa démarche, aurait remplacé le porte à porte, faute de temps.

Les débats télévisés à venir peuvent être un piège pour Valls et renforcer l’image d’une communication brouillonne.

L’enjeu pour le Premier Ministre, car il n’est pas trop tard, consiste à retrouver ses habits d’homme d’Etat et à être très précis sur le socialisme qu’il souhaite voir instauré dans la Nation France, un socialisme de gouvernement qui tienne compte aussi de l’idéologie de la Gauche. C’est parce que le Parti socialiste a laissé de côté cette idéologie des classes populaires et moyennes que le premier Ministre se trouve dans une indécision en termes de communication car il ne sait pas très bien comment opérer la synthèse entre un socialisme de gouvernement et un socialisme de militance et d’idéologisation des membres du PS.

Une position

Valls, malgré les sondages, ne doit pas baisser la garde. Il devrait virer en tête au premier tour s’il arrive à rétablir sa communication et à être très clair au cours des débats précédant le premier tour.

Le deuxième tour sera délicat mais pas impossible, car fondamentalement les liens de jeunesse entre Montebourg et Hamon vont se faire jour et on peut penser que le candidat va rejoindre le candidat opposé à Manuel Valls au second tour. La catastrophe pour le PS serait que l’ex Premier Ministre Valls n’y soit pas.

Il reste quelques jours au Premier Ministre Valls pour montrer qu’il est premier dans la course, même si les images télévisées et assassines de ses meetings insistent sur la comparaison entre lui et Macron sur leurs capacités respectives à remplir les salles. Il revient aux communicants et aux conseillers du Premier Ministre de discuter et d’indiquer quelques éléments de stabilisation de communication au Premier Ministre Valls.

Le 22 janvier n’est pas loin, mais rien n’est définitif et rien n’est écrit comme aime à le répéter l’ex Premier Ministre Valls qui croit en son étoile alors qu’au-dessus de sa tête s’accumulent des nuages sombres.