Tiens, il me vient l’envie de pousser du bois tout en picolant du jaja et en mordant à pleines dents dans du sauciflard… Avoir une quinzaine de maîtresses et les faire saillir dans les clubs échangistes du Cap d’Agde, comme était présumé le faire un curé padouan, passe encore. Mais jouer aux échecs ? Malédiction ! Anathème ! C’est en tout cas l’opinion d’un soutien actif du président turc Erdogan, Ahmet Mahmut Ünlü, alias Cübbelli Ahamet Hoca (ou tâlhar, haiduc, brigand, comme on dit en roumain, euh, non, sa victime victimisée, car cübbeli voudrait dire cela en turc).

Lequel a considéré urbi et orbi que jouer aux échecs était pire que d’ingérer du porcin ou de miser sur des jeux de hasard. Pourquoi ? Parce qu’il est médiatisé, radiophonisé, audimatisé, et que, comme moi, quand on est en panne d’inspiration, il faut bien improviser. J’allais vous entretenir du curé padouan, et j’avais laissé passer la diatribe du télévangéliste turc. On en peut être partout à la fois, dans les coulisses du congrès républicain de Donald Trump, dans celles de la primaire socialiste, sous la table de Bayrou à Pau pour savoir s’il a négocié ou non avec François Fillon. Il y a des priorités qu’on nomme hiérarchie de l’information. Mais là, puisque la Fédération turque d’échecs est montée, telle les frère Aymon, derrière ses cavaliers, à califourchon.

Pour s’insurger, et demander des dommages et intérêts, le pretium doloris, et tutti quanti. Et cela, c’est de l’info, coco.

Se faire mousser, & inversement

Quand je vois les époux Balkany menacer d’un procès en diffamation, je me bidonne. Quand je vois des tas d’associations faire de la pub à des allumés, je me dis que, pour exister (et engranger des fonds), il en est qui n’ont pas trop mesuré les effets pervers ou sont de totaux hypocrites.

Le truc de la TSF (non, pas la transmission sans fil, la Turkish Chesse Federation), c’est de recruter en prenant pour prétexte un allumé du bocal. Pourtant, c’est vrai, quoi ? Allô, allô, quoi ? Jouer aux échecs, c’est parfois bluffer, sacrifier un pion pour empapaouter l’adversaire. Donc, comme l’estime, à juste titre, Cübbeli Ahamet Hoca, se montrer fourbe.

Est-ce plus haram qu’autre chose ? J’espère bien. Car je ne joue plus aux échecs. Donc, partant, le reste ne sera que péché véniel. Autant en profiter un max. Tous les religieux n’ont pratiquement qu’une fonction : s’ingérer dans la vie privée des gens, édicter des interdits, variables selon la qualité et les revenus (et capacités à les rétribuer) de qui s’adresse à eux. Là, c’est peut-être le bistrotier du télévangéliste qui, lassé de voir des joueurs d’échecs disputer d’interminables parties sans consommer, lui a soufflé la bonne parole. Qui veut que la shahada (chabaabadada, chabadaadada, non point ce qu’évoquait Michel Rocard, mais le refrain du film Un Homme et une femme, sauf erreur), la profession de foi mahométane, ne puisse être prononcée par qui joue aux échecs.

Et la roulette russe ?

Après avoir prébendé des générations de religieux pour disserter sur le sexe des anges, voilà qu’on rétribue des prédicateurs (un peu partout dans le monde) pour dire si le jeu d’échecs est licite ou non. Plus, moins, à part égale avec la roulette russe ? Ah, cela peut se discuter indéfiniment. Plus cela dure, plus on occupe le temps d’antenne et de cerveau disponible. Au fait, si on cesse de jouer aux échecs, quel substitut ? Coca-Cola, MacDo, Amazon, Vente privée ? Ahmet Mahmut Ünlü s’était précédemment prononcé sur la fellation et le cunnilingus. Halal. Et parrainé par Durex ? En tout cas, la Manif pour tous, prenez-en de la graine : il y a de quoi récolter des parrainages et faire parler de soi... Et récolter du flouze.