Jeudi soir, de 21h à 23h25, l'ancien Premier ministre était l'invité de l'Emission Politique organisée par David Pujadas et Léa Salamé. Moins de 3 semaines avant le premier tour de la primaire de la gauche, cette rencontre avec des élus et des Français a été l'occasion pour lui de clarifier sa ligne sur son rôle au gouvernement et sur ses propositions. Mais, au fond, on reste tous sur notre faim : on pensait qu'il allait nous sortir le grand jeu, un peu de propositions originales pour mai 2017, et qu'il allait au moins faire semblant d'être de gauche en vue de sa victoire à la primaire, mais non.

Valls a fait du Valls. Heureusement, ses incohérences et ses changements de pied ont été soulignés par les journalistes, mais, selon l'ancien Premier ministre, tous ses choix se justifient.

Continuer une politique libérale

Ce serait mentir que nier que Manuel Valls est l'une des têtes de proue de l'aile droite, sociale-libérale, du PS. En effet, il nous en a donné une nouvelle fois la preuve qu'il s'inscrivait en faveur d'une poursuite de la politique engagée par le quinquennat Hollande. La loi travail, il assume. Mais son argumentaire n'a pas fait long feu lorsqu'il s'est retrouvé face à l'invité surprise, Philippe Martinez. Ce dernier, entre autres, a rappelé à quel point il était injuste de dire aux Français que s'ils veulent vivre dignement, il leur faut au moins faire des heures supplémentaires.

Nous devrions tous pouvoir vivre dignement, même sans travailler, et à plus forte raison sans faire d'heures supplémentaires. D'ailleurs, le texte qu'il a porté au début de l'année 2016, appelé " loi travail ", a réduit la rémunération de l'employé sur ses heures supplémentaires. Bravo l'avancée sociale ! D'autant que Valls veut toujours les défiscaliser, s'opposant en cela au travail entrepris par Hollande.

Il faut aussi parler de l'ISF : devant l'exil fiscal des grands patrons, Valls a décidé de céder au chantage et de reculer sur l'Impôt de Solidarité sur la Fortune. Ainsi, il souhaite désormais, selon ses mots, " le rendre plus intelligent pour les entreprises." Encore une fois, félicitations ! Voilà ce que nous appelons le courage en politique.

Quelle tristesse de voir un soi-disant représentant de la gauche s'incliner ainsi devant le patronat.

Candidat indécis

Hier, en 2011, lors de la dernière primaire de la gauche, il était favorable à la suppression pure et simple de l'ISF, mais plus maintenant. Il veut donc conserver l'ISF, comme nous l'avons dit, mais en le taillant au profit des patrons. Bien. Autre chose : il a utilisé le 49.3 à 6 reprises lorsqu'il était Premier ministre, et donc responsable de la majorité parlementaire, mais à présent il veut l'abolir. De toute façon, il n'avait pas d'autre choix que de l'utiliser, a-t-il affirmé devant les journalistes, à causes de la cinquantaine de frondeurs qui refusait de ratifier le texte.

Donc c'est toujours la faute à l'autre. Le 49.3, évidemment, ce sont les frondeurs qui l'ont utilisé. On vous croit, monsieur Valls. Tiens, et puis en ce qui concerne le libéralisme européen : il assume d'avoir défendu le libre-échange avec le Canada. Voilà que maintenant il vient nous dire d'entrée de jeu que l'Europe ne fait plus rêver, et donc qu'il faut la réformer. J'appelle cela jouer le pompier pyromane. C'est de sa faute, en partie, que l'Europe ne fait plus rêver, alors qu'il ne vienne pas nous donner des leçons sur le besoin de la réformer. Bref, trop de louvoiements qui font très certainement qu'il sera mis hors-jeu dès le 22 janvier, même si cela ne suffira apparemment pas à le faire se retirer de la vie politique.