L’ancien Premier Ministre Valls est considéré comme le plus crédible de l’ensemble des candidats présents à la primaire de la belle alliance populaire. Valls était à 5% lors de la primaire en 2011, loin derrière Montebourg. En 2017, il peut espérer, au premier et au deuxième tour, gagner cette primaire avec toutes les réserves d’usage que l’on peut accorder aux sondages.

Repositionement

Manuel Valls était à la peine hier soir sur France 2 en essayant d’expliquer l’évolution de sa personnalité et de son identité politique. Il dit qu’on lui a imposé le 49.3 et que les frondeurs en seraient les responsables ; mais on peut se demander pourquoi il veut supprimer cet article fondamental de la Constitution, même s’il a grandi et mûri politiquement.

Sur le plan constitutionnel, le 49.3 est un article fondamental important qui permet à l’exécutif de fonctionner politiquement.

Valls dit qu’il a évolué avec l’exercice du pouvoir et que sa priorité est de rassembler ; encore faut-il que ce rassemblement soit expliqué réellement aux militants socialistes et à la France. Il ne suffit pas de revenir au discours mitterrandien qui explique que les forces de l’argent et la puissance du marché ne sont pas des éléments fondamentaux de la Gauche pour retrouver une virginité politique. Manuel Valls se veut réformiste, il a raison, mais il a beaucoup de mal à établir un projet dense et clair, audible par les Français et par les militants socialistes.

Changement

Sur le plan personnel, on peut reconnaitre à Valls une constance dans sa lutte contre tous les radicalismes identitaires qui s’appuient sur la religion ou sur des supports vestimentaires pour exister dans l’espace politique français. Il est à Gauche celui qui n’a jamais changé de discours et on peut lui reconnaître cette constance.

En revanche, si Manuel Valls remporte la primaire, sa situation risque d’être compliquée pour l’élection présidentielle, même si un de ses lieutenants, Luc Carvounas, Sénateur-Maire d’Alfortville, estime dans le talk du Figaro du 6 janvier 2017 que « ce qui fait la force de la candidature Valls, c’est que nous y allons, non pas pour témoigner, mais pour gagner et faire gagner la Gauche ».

On peut être d’accord avec la première proposition, mais douter de la seconde car Manuel Valls est en train de brouiller son image qui consiste à passer d’une position d’autoritaire à celle d’accommodant.

La prestation de Manuel Valls n’a pas convaincu la France qui, sociologiquement, est à Droite, alors que les militants socialistes, eux, peuvent être fiers de la prestation de leur ancien Premier Ministre. Il reste à Valls un long chemin : expliquer aux militants socialistes pourquoi la critique des heures supplémentaires de Nicolas Sarkozy est devenue une potion magique heureuse pour le socialisme en déshérence. Attention à la juppéisation de Valls, même si celui-ci est différent de Juppé.

Valls doit méditer l’idée suivante : rien n’est écrit (c’est lui-même qui le dit), mais rien non plus est impossible, à savoir sa victoire ou sa défaite à la primaire de la belle alliance populaire. Montebourg et Hamon sont en embuscade et prêts à dégainer le feu politique contre Valls.

Conclusion

Valls a 54 ans, peut-on changer d'image, de positionnement politique et de caractère à cet âge ? On peut en douter. le Premier Ministre dit qu'il a grandi au contact du pouvoir, dont acte. Wait and see.