Givors (Rhône) Les Givordins sont comme tous les Français. Ils ont leur avis sur l'affaire "Fillon". Très majoritairement, ils optent pour le "Tous pourris". Rien de bien original, c'est le sentiment général dans un pays fatigué des petits arrangements entre amis, des magouilles et autres tricheries, un état où tous s'offusquent du faible nombre d'électeurs. Et même très faible à Givors.

La ville a comme originalité d'avoir eu un conseiller municipal d'opposition Georges Fenech, député de la XIème circonscription du Rhône, qui a occupé la scène médiatique cette semaine en demandant à Fillon de renoncer.

Dimanche passé, ce même Georges Fenech, sur le marché de Givors, expliquait à ses amis croisés sur les trottoirs de la ville, combien le sort de l'ex-premier ministre était scellé. Dans cette ancienne ville ouvrière, cette commune pauvre du sud du département, l'une des plus jeunes cités du Grand Lyon la particularité tient aussi à la longévité de sa municipalité. Communiste depuis 64 ans. Autant dire que les "révélations" de la presse régionale ou de la presse lyonnaise depuis quelques semaines sèment un certain trouble. Car Givors a aussi ses histoires de famille. Et notamment l'histoire du maire, Martial Passi, et de la soeur du maire. Si le premier occupe le siège politique le plus haut de la commune, sa soeur, Muriel Goux a été issue au plus haut rang de l'Administration municipale.

La manière dont celle-ci est arrivée dans le fauteuil de Directeur général des services n'a pas convaincu Mohamed Boudjellaba, conseiller municipal d'opposition DVG qui a porté plainte. Et le frère et la soeur ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Lyon en juin pour des faits susceptibles de constituer une prise illégal d'intérêts et un recel de prise illégal d'intérêts.

Les Potins d'Angèle se sont largement faits écho de cette affaire. Ils avaient aussi publié l'inventaire à la Prévert des frais de représentation du maire, Martial Passi, présumé innocent, là aussi. Très lu par le microcosme lyonnais, l'hebdo satirique n'avait pas fait de ravages à Givors. La sortie du dossier par Le Progrès cette semaine a, par contre, provoqué une onde de choc dans la commune.

Entre une note de coiffeur de 70 euros, de frais de bouche de 477,63 euros sur un jour le 21 aout 2015, d'habillement de 2379,97 euros... chaque Givordin commente à sa façon.

Les jeunes givordins vont-ils réclamer des baskets ?

Certains s'amusent notamment de 836,44 euros émanant d'enseignes sportives et pour lesquels le maire explique: "Des équipements sportifs et des baskets que j'offre aux jeunes de la commune le jeudi, lors de ma permanence en mairie...". Certains imaginent des files d'attente de jeunes devant le bureau du maire, le jeudi. Le Progrès conclue en citant des villes équivalentes (Saint-Genis Laval, Tassin la Demi Lune, Ecully) qui, elles, ne votent pas de subventions de frais de représentation.

En pleine affaire Fillon, cette nouvelle "affaire" givordine trouve encore à l'origine Mohamed Boudjellaba. Les élus d'opposition municipale du Défi givordin demandent également des comptes. Côté majorité, c'est quasiment le grand calme plat. Dans cette ville dont l'étiquette n'a donc pas changée depuis 1953, les élus de la Majorité émanant d'autres mouvances ont souvent été là pour approuver les décisions... du maire !

Les élus de la majorité silencieux! Pas Mohamed Boudjellaba

A priori ils n'ont pas demandé de comptes à Martial Passi. Au moins pas officiellement. Que les Givordins se posent des questions ne semble pas les émouvoir plus que de raison. Certains commentent... les errements du couple Fillon !

Ce qui est loin effraie moins ! Un bon dérivatif surtout. Même si quelques-uns semblent conscients qu'en cas de sanctions, il faudrait bien prévoir un plan B. Et dans une ville où deux seuls hommes, Camille Vallin, député et sénateur par ailleurs et Martial Passi ont occupé les fonctions de maire depuis 64 ans, prévoir la succession n'a jamais été une priorité.