Que la population givordine se pose la question est légitime. L’arrêt-maladie, les affaires, la Chambre régionale des comptes… un procès programmé, le vendredi 16 juin 2017, sont autant d’ingrédients qui alimentent les « pronostics » tout aussi incertains que ceux portés sur les matches de football ou l’arrivée des courses hippiques.

Le seul à avoir la réponse est le maire. Depuis son arrêt, et son remplacement par la première adjointe, Christiane Charnay, Martial Passi a fait une entorse pour aller défendre le dossier Megarama à la commission départementale.

Une intervention couronnée de succès puisque l’accord a été favorable. Comme la première fois, et ce fut ensuite la commission nationale qui retoqua le projet.

Après deux arrêts, il semblerait que le délai pour soigner cette hernie discale soit repoussé au mois de juillet. Le motif, à savoir ce fort mal de dos, a été communiqué par la Municipalité. C’est d’ailleurs le service minimum en terme de communication autour de ces vacance, premières du genre pour Martial Passi depuis sa prise de fonction le 17 janvier 1993. Ce jour-là, son fauteuil lui avait été donné des mains du prédécesseur Camille Vallin un dinosaure du PC, maire et ancien parlementaire. Depuis, Martial Passi est toujours parvenu à être réelu.

La population s’interroge donc, mais aussi les élus, à la façon Givors, c’est-à-dire dans le plus grand secret. La première hypothèse, la plus probable est que le maire, une fois soigné, reprenne son siège. Quid du procès ? Aura-t-il lieu ? Sera-t-il repoussé ? Un report pour cas de force majeure et il n’y aurait pas de discussion.

Un report stratégique pourrait être plus problématique. Le gouvernement Macron fera sans aucun doute de la probité l’un des chevaux de bataille et sans doute sans attendre. Comparaitre le 16 juin, à deux jours du deuxième tour des Législatives pourrait être plus « avantageux », du moins moins incertain. La justice devra dire ce qu’elle pense de la nomination de Muriel Goux, la sœur du maire comme Directrice Générale des Services (DGS) marche la plus haute de l’administration communale, son frère occupant la plus haute fonction politique.

La question de l’éthique sera jugée mais aussi les modalités d’attribution par un jury présenté comme indépendant. Qu’il ait lieu en juin ou plus tard, le procès délivrera des axes de réflexion pour le maire. En cas de condamnation, notamment d’inéligibilité, l’Adn politique de la commune pourrait ressurgir avec une passation de pouvoir. Vraisemblablement pour Christiane Charnay programmée, semble t-il, pour un éventuel exercice de ce genre. De nouvelles élections pourraient également être exigées. Et si la Majorité municipale est, aujourd’hui, sage comme une image, la belle solidarité pourrait rapidement se fissurer. Car si on n'en dit rien, on n'en pense pas moins dans l'entourage de Martial Passi.

Dans l'opposition, Mohamed Boudjellaba suit de près ces affaires, lui qui aura joué le rôle du lanceur d'alertes.

"Vivre à Givors" comme lien avec la population

Le maire, présumé innocent, pourrait également se poser la question d’un remplacement même s’il était blanchi. Avec 24 ans de mandat, l’usure du pouvoir pourrait se faire sentir. Son échec de très peu à la Sénatoriale, en 2014, a peut-être aussi contrarié son plan de bataille. Ce ne serait pas le premier élu à considérer que la gestion municipale est rendue de plus en plus difficile par les décisions des gouvernements successifs. Ces interrogations, les agents communaux se les posent aussi, eux qui, pour certains, ont perdu leurs marques depuis deux mois.

Si l’on ne peut pas ne pas remarquer le travail de Christiane Charnay, avec une douzaine de photos dans Vivre à Givors de mai, c’est le maire qui répond aux trois questions habituelles, lui à qui une page est consacrée pour le projet du Megarama.

Martial Passi, seul à concocter son avenir politique

Une manière de ne pas couper les liens avec la population. Un début de réponse, peut-être, donné aux administrés avec cette envie de mener ce mandat à terme. Seule une condamnation pourrait alors mettre un frein au contrat passé. Depuis le début de la vacance il n’est d’ailleurs pas indiqué que Christiane Charnay est maire par intérim, mais première adjointe au maire. Pour l’instant un flou artistique règne.

Comme souvent les plus grands communicants restent secrets quand il s’agit d’eux, dans le domaine politique. D’où ces questions sans réponse. Dans une commune qui traverse une période inédite et déstabilisante.