Une stratégie d’attente afin de retourner l’opinion contre les médias et devenir Président de la République: Fillon victime de l’acharnement des médias parisiens, surtout du Canard enchainé ?

Tout est contre Fillon en ce moment, les affaires de Pénélope, ses regrets au cours de la conférence, sa lettre du 8 février aux Français, ceux qui vivent en province, sa société 2F et ses relations avec l’ancien Président d’AXA, Henri De Castres. Certains estiment que la société de François Fillon aurait reçu 200 000 euros pour les services rendus à la société AXA, dont l’ancien Président était Monsieur De Castres.

D’autres pensent que De Castres serait un bon premier ministre pour François Fillon, ce qui pourrait constituer, pour certains opposants un conflit d’intérêts car, dans son programme, Monsieur Fillon veut privatiser la sécurité sociale au profit des mutuelles et assurances privées, parmi lesquelles AXA. On reproche à Fillon, malgré ses excuses d’avoir menti et de ne pas avoir dit la vérité, même s’il pense qu’il est dans son droit et que de manière légale il n’a pas enfreint la loi. On s’attend à ce que, jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle, le Canard enchaîné continue son feuilleton contre Fillon. En retour, Fillon, en publiant son patrimoine et en présentant ses excuses aux Français, montre qu’il a fait un pas important, nécessaire mais pas suffisant.

Fillon estime qu’il est victime de l’acharnement des médias parisiens, surtout du Canard enchaîné qui, selon Fillon, a construit une trajectoire pour l’empêcher de devenir Président de la République.

Un plan

Après avoir démontré, comme il l’avait fait pendant les primaires, que c’est au candidat de diriger les débats et non aux journalistes, Fillon pense qu’il peut administrer la même preuve pendant la campagne électorale.

Il estime que l’opinion va se lasser des attaques contre lui et sa famille et que l'opinion va prendre fait et cause pour lui. Fillon impose une stratégie de guérilla contre les médias par ses silences et ses réponses calibrées afin de retourner définitivement l’opinion en sa faveur. Dans le fond, il n’a pas tort car, en démocratie où la parole est libre, trop de parole tue la parole.

Il a montré qu’il n’y avait pas de plan B qualifié de Bérézina, seul le plan F, c'est-à-dire le plan Fillon, était valable. Ce plan trouve une résonance au sein du noyau dur de l’électorat LR, même s’il est discutable dans le reste de la population.

Une attitude

Fillon est têtu, égocentrique et sûr de lui. "Mister Nobody" (qui ne vaut et ne correspond à rien), qualifié ainsi par les Sarkozystes, est de retour. Il a une qualité : la patience et la maîtrise du temps de façon miterrandienne. Il peut, comme le Président Mitterrand, jouer avec le temps et la maîtrise de celui-ci et espérer être vainqueur comme le Président Mitterrand l’a toujours fait au cours de sa longue vie politique. Fillon a tué la contestation dans son propre camp, comme Mitterrand s’était imposé au congrès d’Epinay dans les années 1970 pour reprendre la tête du PS et arriver au pouvoir en 1981 avec l’aide des communistes.

Fillon s’impose à droite, même si les circonstances de son pouvoir ne sont pas comparables au contexte historique de celui utilisé par Mitterrand pour prendre le pouvoir au PS ; on peut néanmoins constater de façon « formale » que la primaire lui permet d’écraser les centres qui votent à droite (UDI, Nouveau Centre) pour s’imposer au cours de la primaire. Mitterrand a échoué en 1974 contre Giscard et il a réussi en 1981. Fillon espère démentir les pronostics, malgré ses excuses et ses nombreuses casseroles, et gagner l’élection présidentielle en 2017. Par sa malice, Fillon va devenir Mitterrand et s’installer à l’Elysée, malgré ses casseroles et les intrigues à son sujet.