Le bal des hypocrites. Il n'y a pas qu'un bal. C'est une discipline dans notre pays. Voici quelques jours, c'est le député LR, Georges Fenech, qui en dénichait un. Un bal auquel se sont invités bon nombre de parlementaires de sa famille politique. D'accord avec lui, dans les couloirs de l'Assemblée nationale ou à travers les sièges du Sénat. D'accord pour dire que l'attitude de Fillon est irresponsable, qu'il conduit tout droit les Républicains, voire la Droite dans le mur. Le député de la XIème circonscription du Rhône n'est pas un perdreau de l'année.
Adulé le matin, détesté le soir, il sait où il va. Fillon ne restera sans doute pas candidat très longtemps. Au mieux, il ne sera sanctionné qu'au premier tour de la Présidentielle par le jury populaire. Le pire. Alors, Fenech pourra dire qu'il a pris ses responsabilités, qu'il n'a pas attendu et n'a pas souhaité faire partie des résistants de la dernière heure ! Ce même Fenech a été, en son temps, conseiller municipal d'opposition dans la ville de Givors (Rhône). Une commune communiste depuis 64 ans ! Archi-favori pour conserver son siège en juin, Fenech a repris ses habitudes dans la ville la plus peuplée des 42 de sa circonscription. Et ça le change un peu puisqu'il n'est pas assailli de questions sur Fillon mais sur les affaires secouant actuellement la commune rhodanienne.
L'un des dossiers soulevés, notamment par Mohamed Boudjellaba, un DVG opposé au maire, Martial Passi (PCF) concerne là aussi une histoire de famille. Pas d'emploi fictif, mais une nomination de la soeur du maire au plus haut de l'Administration communale. Le politique et l'administratif verrouillés, tout aurait pu aller dans le meilleur du monde si les modalités de l'attribution du poste n'avaient été dénoncées par l'élu.
L'indépendance du jury n'a pas convaincu tout le monde. En juin, et le maire et la soeur se retrouveront au tribunal correctionnel. Pour des faits susceptibles de constituer une prise illégale d'intérêts et un recel de prise illégale d'intérêts. C'est encore la presse lyonnaise qui a sorti la deuxième affaire, celle dite des frais de représentation du maire.
Certains ont paru surréalistes à plus d'un. Les Givordins se sont même pincés en découvrant des achats ou des services pas forcément orthodoxes, du moins pas "prioritaires". Surréalistes ? Pas pour les élus de la majorité. Il en faudrait beaucoup plus. On pourrait comprendre que les communistes fassent bloc au nom de la sacro-sainte solidarité. Mais les autres, qu'ils se réclament du groupe socialiste ou du groupe des personnalités, ne semblent pas s'offusquer de la situation. Une attitude que dénoncent de plus en plus les Givordins qui ne comprennent plus bien qui, dans la commune, défend leurs intérêts.
Mohamed Boudjellaba payera les frais de défense du maire... comme les autres Givordins !
D'ailleurs, Mohamed Boudjellaba a demandé au maire de faire inscrire, à l'ordre du jour du conseil municipal du mardi 7 février, une délibération permettant, à la commune, de se constituer partie civile.
Pour le dossier concernant la convocation au tribunal correctionnel. En guise de réponse, la majorité a voté la protection fonctionnelle au maire. Le titre du Progrès "Le maire poursuivi en justice, la Ville va payer ses frais de procédure", a fait bondir dans la commune. Pas tant chez les électeurs de droite, démobilisés depuis longtemps, que dans les rangs de gauche.
"Si voter socialiste, c'est voter communiste...!"
Comme chez ce commerçant qui ne décolère pas: "Si voter socialiste c'est voter communiste, la prochaine fois je voterai pour qui vous savez". Que les habitants payent les erreurs des élus, quels qu'ils soient, est de toute évidence une solidarité qui dérange. On peut quand même penser que la Municipalité choisira un défenseur à hauteur des finances de la ville. Inutile peut-être de faire appel à Jean Veil (Cahuzac), Dupond-Moretti ou Thierry Herzog... Cela ne passerait sans doute pas.