Si la plupart des musées français et notamment ceux de la RMN (Réunion des musées nationaux) commercialisent des reproduction haute définition de leurs collections, comme tant d'autres musées de par le monde, le Met de New York a placé presque tout son fonds en licence Creative Commons. Ce qui veut dire qu'un particulier, mais aussi un éditeur, une agence de publicité, peut obtenir gratuitement des visuels (tableaux, dessins, photographies), et que des graphistes peuvent librement les monter, modifier, &c.
De plus, le moteur de recherches CC (Creative Commons) permet un accès (théoriquement) simplifié.
375 000 visuels
Le Metropolitan Museum of Art a donc donné libre accès à 375 000 visuels. Cela permet déjà de visualiser non seulement ce qui est exposé, mais aussi ce qui ne l'est pas et ne le sera jamais hors du musée et a fortiori à l'étranger. Le gros problème du transport des œuvres d'art, c'est qu'il faut prévoir parfois un luxe de précaution pour le conditionnement (protection) ou même avoir recours à des transporteurs vraiment spécialisés. À cela s'ajoute le coût majeur : l'assurance couvrant manipulations, transport, éventuelles dégradations à destination (la salle d'exposition permanente ou temporaire).
L'utilisation commerciale de visuels, dont les droits de reproduction doivent être acquis, implique d'autres contraintes : cela peut être l'impossibilité de n'utiliser qu'un détail, de modifier (améliorations colorimétriques incluses), l'obligation de mentionner le titre exact et la provenance. Avec une licence CC, tout saute. Y compris, en cas de droits pouvant être concédés gracieusement, d'obtenir une autorisation préalable. En clair, c'est du libre-service total. Le fonds du Met n'est pas le seul accessible via le moteur CC. Le Rijksmuseum (Amsterdam) et la New York Public Library ainsi que les 13 milliards de photos localisées sur Flickr sont (théoriquement, aisément) accessibles via une recherche.
Le hic : l'indexation. J'ai travaillé à l'indexation de fonds ou collections d'agences photographiques (et fut informé de l'état de l'art ultérieur). Déjà, en monolingue, c'est coton. S'il s'agit de localiser en une autre langue, c'est déjà plus ardu (le russe distingue deux catégories de bleu, golouboy, clair, cinii, foncé, pour résumer, et leurs multiples déclinaisons). J'ai effectué une recherche, en anglais, via le moteur, entrant des mots communs, puis des noms de peintres ou personnages. Il m'a fallu une dizaine d'essais avant d'entrer "Jefferson" et obtenir un résultat. Pas de problème avec le nom de certains peintres (ex. Corot), mais aucun résultat pour d'autres. "Monet" vous remonte un certain Gary Monet et diverses personnes portant ce patronyme (fillettes, jeunes femmes) et pas moins de 15 pages de visuels.
15 pages aussi pour "jeune" (en français, n'est-il pas : surnoms de peintres, de saints, des jeunes gens, le poster de 1968 "Sois jeune et tais-toi"). "Young" remonte 705 pages. "Girl", c'est 686. Il faut donc éviter ou non la recherche sur Flickr quand le moteur fonctionne, et parfois il cale. Le site n'explicite pas ses opérateurs booléens et une recherche pointue exigera donc du temps. Bien sûr, "Léonard" vous remonte trois pages, "Leonardo", seulement deux, mais "Leonardo da Vinci", six, dont les "Leonardo" (et il manque au moins une oeuvre dont l'attribution est controversée). N'empêche, l'avancée est considérable et réjouira tout amateur d'art et de visuels.