S'il y a bien un truc que n'aime pas trop la magistrature, et qui peut lui servir d'attendu justifiant un peu tout, c'est bien le trouble à l'ordre public. Jusqu'à présent, le Penelopegate ne provoquait guère de troubles, et ils restent limités. Dernier en date, ce matin, à Tourcoing, des militants présumés de La France insoumise, ont accueilli en mairie un François Fillon contraint d'esquiver la confrontation et se claquemurant dans l'hôtel de ville en attendant une dispersion rapide par la police. Mais les rassemblements citoyens de ce dimanche 19 (à partir de 15 heures sur diverses places de la République, ou, comme à Angers, celle du Ralliement), donnent à la protestation une toute autre ampleur… Et voici qu'aux initiatives spontanées, au départ individuelles, en viennent s'ajouter d'autres, comme celle de l'Action française…
Pétitions, manifs…
Difficile d'estimer si François Fillon et ses Les Régaliens (LR) ont ou non prévu que le revirement du candidat, qui se maintiendra vraisemblablement même s'il était mis en examen – contrairement à ce qu'il avait déclaré auparavant –, amplifiera un mouvement populaire naissant.
Même si le "rassemblement citoyen contre la corruption des élus", parti d'un simple appel sur une page Facebook, n'attire pas déjà l'attention des médias (voir infra, cela ne durera pas), il commence à être pris au sérieux par divers responsables associatifs ou des militants politiques. Ainsi de Julien Bayou, candidat aux législatives à Paris, proche d'EELV, qui le relaye à présent sur ses supports en ligne. La page Facebook réunit à présent 32 000 intéressés, et 6 600 "participants". Un doute émerge cependant sur la participation annoncée, car l'appel ayant essaimé en de nombreuses villes, alors qu'il ne concernait au départ que les Parisiens, il est difficile de prévoir combien seront place de la République à Paris, et combien en diverses places de diverses villes (16, d'Angers à Toulon à présent).
Pour le moment, la page angevine ne recense que 18 participants (doublonnant ou non avec ceux de la page parisienne). Celle de Nuit debout, à Sens, n'attire pas grand' monde ce vendredi. Celle de Montpellier n'en recense que 134, alors que cette ville avait très bien accueilli Jean-Luc Mélenchon. Mais ces pages sont très récentes… Et en fait, à Montpellier, un autre rassemblement avait été prévu à une date ultérieure.
Quant aux pétitions appelant les parlementaires à plus de transparence, on finit par se demander s'il ne s'en crée pas une chaque jour. Quelque peu autre : l'appel d'Action française (mouvement royaliste) qui prévoit un rassemblement sur le thème "Vos fraudes sont nos impôts" le dimanche 26 février (14:30), place Saint-Sulpice à Paris (voir aussi, sur Twitter, #VosFraudesSontNosImpots).
D'autres petites formations vont-elles s'emparer du thème ? Pour les grandes, cela pourrait passer pour tentative de polluer le débat électoral, mais en sous-main, elles peuvent encourager divers mouvements. D'ailleurs, voici que France Info, dans un direct (#presidentielle), fait état du rassemblement parisien. On peut compter sur le grégarisme des journalistes ; dès qu'un confrère "sérieux" fait état d'une info estimée porteuse, ils reprennent tous. Ces mouvements influeront-ils sur la "célérité" du parquet financier qui pourrait tout autant temporiser qu'accélérer ? Tout dépendra de leur ampleur. Mais si François Fillon argue que la magistrature le prend en otage, les participants soutiennent le contraire : François Fillon prend la justice en otage, fera jouer la montre le plus longtemps possible… pour s'épargner des amendes ou espérer que, plus le temps passera, moins leur poids sera lourd, car les esprits se seront apaisés. En fonction de l'ampleur de ces mouvements, il pourra aussi dénoncer "la chienlit". Sera-t-il encore audible, hors circonférence des acquis à sa cause ?