L'art. 432-12 du CP stipule qu'une personne (…) investie d'un mandat électif public peut être poursuivie pour avoir (…) conservé un intérêt (…) dans une entreprise dont elle a, &c. L'art. 4 de loi organique sur les indemnités des parlementaires prévoit diverses dispositions. Lesquelles permettent à Me Roland Lienhardt, conseil spécialisé en propriété intellectuelle, et donc confrère et concurrent de Me Marie Fillon, d'écrire : "n'y a-t-il aucun journaliste pour se demander [et] comprendre…" que François Fillon encourt telle et telle sanction. Je ne suis plus juriste, et avoir été chroniqueur judiciaire pénaliste ne me procure aucune lumière sur les cas du sieur et de dame Fillon.
J'imagine simplement que les confrères spécialisés ont bien saisi que les présidents des deux chambres ont organisé la possibilité pour les parlementaires de rétribuer des proches. Je considère (hâtivement ?) que si le parquet pouvait se fonder sur ces deux articles aussi élémentairement, nul besoin d'enquête, d'envisager une saisine de l'instruction : Fillon, François, né le…, à… serait déféré directement devant un tribunal depuis bientôt deux semaines. Plus intéressante (jusqu'à nouvel ordre relatif aux dispositions supra), me semble la remarque de Me Lienhart sur l'éventuel trafic d'influence relatif à la rétribution de dame Fillon par le sieur Marc Ladrey de Lacharrière. Je ne le vois pas refiler autant à la dame pour passer de Grand officier à Grand-croix de la Légion d'honneur sur rapport d'un Premier ministre nommé Fillon.
Mais bon, c'est le hochet suprême, la plaque vermeil, portée par Condé antan, et une soixantaine de contemporains, dont une certaine Veil, Simone, et une Canadienne, Jean, Michaëlle. En France, la seule distinction unanimement respectée honorant des "officiers" reste la médaille militaire, réservée à ceux passés par le rang et bizarrement, aux généraux et maréchaux grands-croix (ce qui les met sur pied d'égalité symbolique avec des héros, eux, véritables).
Autant dire que le Penelopegate ne se situe pas vraiment là. Que Penny Fillon soit ou non décorée de la médaille de la Famille française m'importe guère… Cela ne fera pas d'elle une Joséphine Baker, militaire française d'origine américaine.
Retrait des Fillon
Nous serions vraiment contrits si Mes Marie et Charles Fillon se voyaient radiés du barreau pour recel.
La robe leur est seyante. Mais leur père est, lui, habillé pour l'hiver et le printemps, et futur mis à loilpé, bénéficiant d'un non-lieu ou non, sur les plateaux de télévision, lors des débats. Ce en raison, parmi tant d'autres, de deux déclarations. Une : "Il n'y a besoin de projet de loi [sur la transparence de la vie publique] Je récuse l'idée que les hommes politiques soient tous corrompus". Un seul suffit. Deux : "Comme si la vie politique était immorale. Moi, je n'ai rien à cacher. Je ne voterai pas ce texte", dénué de tout intérêt (même pas celui d'un Livret A). C'est cela, l'essentiel du Penelopegate. Qui n'a rien à cacher ne réserve pas qu'aux juges ses justificatifs. Simple et sans appel superflu, Fillon ne va pas en cassation, casse-toi, point, à la ligne.
Mais effectivement, il peut être considéré que le sieur Fillon, par le truchement de dame Fillon, ait pu intervenir dans "la gestion de [ses] assistants parlementaires''. Car il est patent qu'à ce niveau de rétribution, supérieur aux leurs, dame Fillon gérait ses/leurs subordonnés. Futé, Me Lienhardt. Si je deviens sénateur, je l'embauche. Allocation à partager avec ma compagne (ni pacs, ni rien), mes maîtresses, donc à cinq à parts égales. Mais rien n'empêchera Me Lienhardt de continuer à exercer. Comme François Fillon, je dispose assez de compétences externes pour que ni moi, ni elles ou lui, n'aient grand' chose à faire.