Je ne cherche pas à polémiquer avec Régis Desmarais, dont j'approuve nombre de propos. "Nous vivons dans un monde sans morale (…) les 'élites' sont juridiquement irresponsables, non coupables et capables de tout". "Dans le monde des puissants, des réseaux et des 'copains', cela ne compte pas [ une supposée réference à la mort d'un fonctionnaire, Alain Mouzon, victime de harcèlement moral]". Il dénonce aussi "les effets néfastes du narcissisme sur la capacité d'une personnalité à porter un regard lucide et sincère sur ses actes". Non, cette dernière appréciation ne vise pas François Fillon, mais Bruno Lasserre, ancien dirigeant de l'Autorité de la concurrence, nommé depuis au Conseil d'État.
On savourera aussi l'envoi, une citation de Voltaire : "mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. Il faut mentir (…) hardiment et toujours''. Voltaire ne songeait certes pas au Penelopegate. L'accès aux blogs de 'Médiapart' est en libre accès, si l'affaire Mouzon-Lasserre vous intéresse, vous formerez votre opinion. Mais vous trouverez aussi un autre billet, dont l'intégralité est reproduite par le site 'Fillon2017'.
Un billet à tracter ?
Soit LR, soit Force républicaine, le micro-parti du candidat Fillon qui recueille les dons destinés à sa campagne, a fait imprimer un tract à trois millions d'exemplaires, dénonçant la "chasse à l'homme". Rassurez-vous, Fillon (ou un autre ?) sera remboursé des frais engagés par le contribuable, sauf à ne pas atteindre 5 % des suffrages.
Dans son billet "L'Assassinat politique de François Fillon", Régis Desmarais reprend ce principal argument : le candidat est victime d'un acharnement médiatique. Il est responsable certes, mais non vraiment coupable. Car "la plupart des élus, si ce n'est la totalité, emploient des proches". Il s'agit d'une forte minorité, que le terme de "proches" permet d'élargir à des proches de proches, soit.
Car "la droiture et la moralité sont en dose limitée dans le sang des politiques (…) difficile de faire les vierges effarouchées". Glissons sur l'argument voulant que les autres attachés parlementaires de Fillon ne soient pas harcelés médiatiquement : la plupart furent ou sont rémunérés à mi-temps par l'intéressé, et aussi par d'autres, élus, organismes, officines, institutions, sans qu'effectivement la presse ait pu déterminer s'ils étaient ainsi rétribués pour un réel travail ou non.
Admettons aussi que Fillon soit le Trump français, un candidat "antisystème". Cela peut s'interpréter ainsi. "Qui a l'argent possède le pouvoir", lit-on, donc manipule la presse pour éjecter le Trump français, "au catholicisme affiché" (et caritatif ?) qui a écarté le candidat du système, Alain Juppé. Plausible. Recoupé, vérifié, c'est autre chose. Manipulation maladroite qui aurait dû intervenir entre les deux tours de la primaire de la droite ? Non, ce n'est pas évoqué, mais se défend. Bref, quiconque à droite remplacerait Fillon, Sarkozy, Bertrand, Baroin, Wauquiez, Larcher, et cetera, tous soutiens de F. Fillon, serait candidat imposé par le système : F. Fillon est décidément mal entouré.
On a compris que "piston" et "rente de situation" sont à déplorer, mais si c'est "triste", "ce n'est affreusement pas nouveau". Il faut donc absoudre le Penelopegate, véniel, pour les raisons inverses de celles qui accablent Bruno Lasserre. Mais c'est vrai, Fillon n'appartient pas aux élites, ne dispose d'aucun réseau, et pose, lui, un regard lucide, sincère (et catholique ?), sur ses actes. Fillon, l'anti-Lasserre. Ah bon ? Qui ne lirait que le billet sur le site 'Fillon2017' gagnera à consulter les commentaires sur 'Médiapart'. Certains dénoncent "le mépris absolu des faits", évoquent aussi "les photocopies des chèques" encaissés par Fillon, d'autres sont plus ironiques, sur le thème assassinat ou suicide politique, ou sur les supposés 27 000 euros par mois perçus par Fillon et companie.