Pour L'Écho républicain, Olivier Marleix, député de Dreux, résume fort bien le sentiment des parlementaires LR hésitant encore. Il ne s'agit pas de tirer sur le pianiste (d'autres s'en chargent à la base, dans les couloirs des assemblées ou du siège), mais d'observer : "il faut savoir s'il reste suffisamment audible pour être en position de force au second tour de la présidentielle. Il ne s'agit pas d'imaginer un Plan B pire que le Plan A". Les hypothèses les moins pires sont pour lui Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou Gérard Larcher. Il n'est pas sûr que l'un, l'autre ou le troisième se dévouent, mais Nicolas Sarkozy laisserait entendre en privé qu'il serait tenté.

Tout cela est prématuré mais, lundi, décompte il y aura, entre ceux qui estiment que le sursis à statuer (soit jusqu'au 15 prochain) est raisonnable, ceux qui le trouvent trop long, et qui s'est déjà prononcé pour un retrait rapide du candidat trop plombé par le Penelopegate.

Dissidences

Les parlementaires soucieux de retrouver leur siège ou de le transmettre à un dauphin (pour Balkany, cela semble compromis) se posent de sérieuses questions. Ils sont sensibles aux sondages (bientôt 70 % de favorables au Plan B pour l'ensemble), à la grogne des militants et sympathisants, aux aléas qu'entraînent un changement de monture. Mais pour certains, la cause est déjà entendue, soit sous forme de demande de retrait immédiat, soit d'ultimatum.

Attendre le 15 février est suicidaire, estiment-ils. Aux divers noms déjà consignés (voir par ailleurs), il faut ajouter ceux de Bruno Gilles (sénateur-maire d'arrondissements marseillais) et de Thierry Benoît (UDI, Ille-&-Vilaine). Puis, passant en revue la presse régionale, on en trouvera d'autres. Mais aussi des cadres, comme les Charentais Jean-Philippe Pousset et Denis Debrosse, deux conseillers municipaux d'Angoulême.

Pour le moment, avec ou sans François Bayrou en course, le second tour semble devoir se jouer entre Emmanuel Macron (qui engrange des ralliements LR, UDI et PS) et Marine Le Pen (qui finira bien par en obtenir aussi, en provenance de LR). Moralité, probité, limpidité : telle est la devise de la France du moment. Enfin, subsistent bien celles et ceux qui ne cilleraient pas s'ils apprenaient que François Fillon aurait trucidé ses parents pour toucher l'héritage s'ils étaient sûrs que cela reste totalement confidentiel.

Qui craint que le retrait de François Fillon fasse fléchir son portefeuille boursier se sent au milieu du gué, vaut-il mieux une perte ponctuelle ou une plus lente érosion ? La métaphore vaut aussi pour les fillonistes pouvant espérer se recaser derrière un autre candidat. Moins pour les quadras pensant à 2022 : une déroute de Fillon, c'est une future opportunité. Bon, faisons les autres comptes. Le Penelopegate, c'est, hors 2F Conseil, hors tout ce que le parquet financier ne sait ou ne pourra savoir, 1,65 million d'euros et des poussières (170 euros, pour qui ne risque pas de voir son enfant se faire renvoyer de la cantine pour six fois moins, c'est des cacahouètes). Oui, de quoi investir dans l'immobilier, et vivre mieux en faisant sa Penelope qu'en continuant à travailler.

Ce serait dix fois plus (une histoire de contrat d'armements, de défiscalisation, de commissions occultes) que cela passerait mieux. Le filon, le fillon, les Fillon : la France qui gratte, joue au loto, au tiercé, comprend parfaitement. Mais en fait, qui reste vraiment ferme derrière François Fillon ? Bruno Retailleau et d'autres obligés. Les autres, tous les autres, considèrent que le parquet est allé trop loin, qu'il lui sera difficile de faire marche arrière, que la seule chance d'enterrer l'affaire serait que François Fillon soit élu président et que cela ne ressorte qu'à la fin de son mandat. Entretemps, avec l'affaire Revue des Deux Mondes, Penelope Fillon risque fort d'être acculée à craquer. Keep calm & carry on, Penny. Ah, pour prendre le pouls de l'opinion, pensez à Givors ou Gisors pas à l'arrondissement de Rachida Dati.