La " nouvelle " est parue voici quelques jours sur un site d'extrême-droite proche du conservatisme américain : Benoît Hamon a été mis en examen le 6 décembre pour injure publique, et (drame national) personne n'en parle. En effet, Benoît Hamon a été mis en examen. En effet, personne n'en parle. Mais pourquoi ? Retour sur une fausse polémique déclenchée par l'extrême-droite à des fins de communication.

Décodage

Le 29 novembre 2015, dans le cadre des élections régionales, le candidat socialiste à la présidentielle avait écrit un tweet insultant à l'encontre de Nicolas Miguet, qui avait décidé de faire campagne derrière l'élue LR Valérie Pécresse : " L'escroc Miguet roule pour Pécresse." En effet, cette personne a plusieurs fois été condamnée dans des affaires de fraude fiscale et d'escroquerie, et elle n'en a pas fini avec ses déboires judiciaires.

Mais elle s'est sentie insultée et a immédiatement porté plainte, ce qui a débouché de manière automatique sur une mise en examen de Benoît Hamon un an plus tard, le 6 décembre 2016. Or, aujourd'hui, Nicolas Miguet concourt pour la présidentielle au titre d'un petit parti, et cette information a justement été révélée par... je vous laisse deviner... le candidat qui veut se faire connaître ! Nicolas Miguet lui-même ! Ainsi, elle a été relayée dans la presse régionale normande et s'est retrouvée sur ce site d' " information " d'extrême-droite. Depuis, la fachosphère s'est emparée de l'affaire et mène une campagne calomnieuse contre Benoît Hamon sur les réseaux sociaux. Le compagnon de Marine Le Pen a été le premier à s'indigner publiquement de cette mise en examen, dont, à son grand regret, les médias ne parlent pas.

Pourquoi la comparaison ne tient pas la route

En effet, les médias ne se sont pas saisis de l'affaire car cette condamnation était finalement très légère et a été prononcée de manière automatique, elle n'a donc pas été le ressort de juges d'instruction et n'a débouché sur aucune enquête. D'autres représentants de gauche ont été mis en examen pour injure publique, comme Jean-Luc Mélenchon lorsqu'il traitait en 2012 la candidate du Front National de fasciste.

De plus, la justice se demande encore si le terme " escroc " peut être considéré comme une injure. Autrement dit, rien à voir avec une histoire de détournement massive de fonds publics et d'emplois fictifs, qui a réclamé toute l'attention des juges, comme dans l'affaire Fillon. Rien à voir non plus avec l'histoire d'emploi fictif du garde du corps de Marine Le Pen au Parlement européen.

Donc, la fachosphère aura beau gesticuler comme elle veut, elle n'obtiendra pas gain de cause à calomnier ce candidat de la sorte.

Bref, tout n'est qu'une histoire de communication de la part du Front National, qui souhaite encore une fois décrédibiliser les médias en les pointant du doigt comme faisant du deux poids deux mesures - or, la presse nationale n'a en effet pas rapporté cette information, car la jugeant de peu d'intérêt -, et décrédibiliser l'adversaire de gauche. C'est encore une fois la vieille théorie du complot que cette mouvance extrémiste agite comme un hochet devant ses électeurs, mais l'analyse ne tient pas la route.