Après le retrait de la candidature de l'écologiste Yannick Jadot au profit de Benoit Hamon, ce dernier n'a pas réussi à convaincre Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise (FI) de mener campagne à ses côtés pour les élections présidentielles et législatives. Hier dimanche, le parti Socialiste (PS) et la FI ont définitivement tiré un trait sur une alliance après une entrevue qui s'est néanmoins conclue par un pacte de non-agression. Déjà en début de semaine, sur le plateau de l'Emission Politique (France 2), Jean-Luc Mélenchon émettait de sérieuses réserves quant à un accord avec le PS, qu'il traitait de "corbillard" et dont il ne comprenait pas certaines investitures aux législatives, à commencer par celle de Myriam El Khomri, actuelle Ministre du Travail et auteure de la fameuse loi, décriée autant par la France Insoumise que la gauche du PS, dont est issu Benoit Hamon.

Selon le site Diacritik, les deux candidats ont déjeuné ensemble ce dimanche dans le 20ème arrondissement de Paris, et leur entretien aurait duré environ deux heures. Bien que très peu d'éléments aient filtré, Benoît Hamon a confirmé l'information le soir même au 20 Heures de TF1, et visiblement, il n'est pas satisfait du maintien de la candidature de son ancien camarade socialiste : "Il m'a confirmé ce que je savais, c'est qu'il sera candidat, dont acte, la situation est maintenant claire". Désormais, ils seront donc plusieurs candidats de la gauche dite 'de gouvernement' sur la ligne de départ le 23 Avril prochain, et c'est maintenant à chacun de convaincre l'électorat de l'autre pour espérer accéder au second tour de l'élection, malgré la présence de plus en plus évidente d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.

Benoit Hamon fait également un appel du pied aux sympathisants d'Emmanuel Macron : "Moi, je leur dis aujourd'hui à ces citoyens de gauche : c'est un moment historique, la gauche qui vient, la gauche de demain, j'ai commencé à la rassembler, à la fabriquer (...)".

Un "code de respect mutuel"

Du côté de la France Insoumise, l'entretien a permis de clarifier les deux lignes politiques, et lister les "divergences", comme sur la question européenne.

Benoit Hamon ne propose qu'un "moratoire sur le pacte de stabilité économique". Il parle également de "convergence sociale" et fiscale entre les pays membres, et d'une meilleure défense des intérêts de notre pays. Jean-Luc Mélenchon a une vision radicalement différente, et rejette en bloc les traités signés par la France "sous la contrainte de l'Allemagne".

Le leader de la France Insoumise parle de "code de respect mutuel" avec le PS, mais compte également séduire le même électorat que son - désormais - adversaire. Lui aussi veut convaincre "cette moitié des Français qui n’a pas encore fait de choix de vote". Outre les candidatures traditionnelles de Lutte Ouvrière et du Nouveau Parti Anticapitaliste, les électeurs de gauche auront également le choix entre le mouvement centriste 'En Marche' d'Emmanuel Macron, 'L'Avenir en Commun' de Jean-Luc Mélenchon, ou pourront 'Faire battre le coeur de la France' avec Benoit Hamon.