21,5% pour Jean-Luc Mélenchon, 20,5 pour Emmanuel Macron… Le nouveau sondage Kantar Sofres-OnePoint pour LCI porte Mélenchon à 18 pts, soit une remontée de six, François Fillon restant à 17, Macron et Le Pen stagnant à 24. Si vous retirez à l'une et l'autre la marge d'erreur, le second tour se jouerait entre soit Mélenchon et Le Pen, soit avec lui contre Macron. C'est pourquoi l'hypothèse d'un Mélenchon au second tour est désormais testée. Néanmoins, c'est toujours Emmanuel Macron qui s'en sort le mieux, battant tant Mélenchon que Le Pen, ou Fillon.
Cela étant, tant Marine Le Pen consolident leurs intentions fermes et définitives, en tête de classement, Mélenchon devançant Macron (61 pts contre 56) mais Benoît Hamon n'en serait qu'à 48 pts d'électeurs consolidés. Soit 52 % de ses sympathisants optant pour… Difficile à prévoir, mais on les voit mal se rallier à Fillon, même opposé à Le Pen. N'oublions pas qu'en 2012, à deux semaines du vote, il rassemblait aussi 17% des sondés, mais 11% des électeurs au Jour J. Le résultat de ce sondage Sofres est cohérent avec celui de l'Ifop pour Paris-Match. Aussi 18 pts pour Mélenchon, Le Pen à 24, Macron à 23, Fillon à 18,5.
Classement inchangé
Pour les compilateurs et agrégateurs de sondages, le classement reste le même, avec Le Pen en tête, suivie de très peu par Macron, puis Fillon et Mélenchon avec un écart d'un point.
Mais déjà, le sondage de vendredi dernier (BVA pour Orange et la presse régionale) donnait Jean-Luc Mélenchon devant François Fillon. Les tendances haussière (Mélenchon) et baissière (Fillon) semblent donc consolidées. Cela tient sans doute aussi à un double effet. Les médias favorisent les uns ou les autres en fonction de l'évolution des sondages, ou inversement.
Les autres candidats évoquent davantage ou moins les adversaires les plus proches pour les critiquer. Mais ce faisant, renforcent leur visibilité. Ainsi, un documentaire sur la campagne de Mélenchon est passé hier soir sur France 3 à 21 heures, sur un créneau qui n'aurait peut-être pas été obtenu sans la remontée dans les sondages.
RMC a aussi diffusé hier un entretien avec une ex-électrice de François Fillon, ralliée à "Méluche". &c. Reconnaissons aussi que le chef de file de la France insoumise est un "bon client" car preste orateur, susceptible de faire de meilleures audiences. Comme le dit fort justement Cheminade, une partie de l'électorat vote aussi contre ses intérêts concrets, plus sensible à l'aura des personnes qu'au détail de leurs programmes. Entrent en jeu aussi le "vote utile", diversement apprécié, et les anicroches, les affaires (Penelope Fillon rémunérée par son mari dès 1982), les bourdes et lapsus de langage (l'île africaine de la Guyane évoquée par Macron, la rafle du Vel'd'Hiv par Le Pen) des candidats ou de leurs porte-paroles (Bayrou, apprécié ou détesté par fillonistes et sarkozystes).
Le capital de sympathie de Jean Lassalle pourrait aussi évoluer s'il avait un accident de la route ou si un proche était déclaré gravement malade : l'exemple vaut d'ailleurs pour tous. Cela ne garantit nullement une percée d'un petit candidat, mais entraîne une légère érosion d'un mieux placé. Ajoutez à cela l'enthousiasme de sympathisants galvanisés par un meeting et finissant par convaincre un proche indécis ou plus influençable. Pour La Tribune (Genève) "la veste de l'instit' fait grimper l'insoumis" tandis que le veston paysan de Fillon ne convainc guère et les Français seraient tentés "par les extrêmes". Ce qui inquiète les marchés et peut influer sur les retraités ayant misé sur l'assurance-vie.
Comprenez aussi que vous avez des gens partagés entre… Asselineau ou Poutou, car plus "gêneurs" que Lassalle ou Le Pen. Pensez aussi aux naturalisés sensibles à l'opinion (ou aux médias) de leur pays d'origine, aux corporatismes (avocats pour le numerus clausus de Fillon), aux votes régionalistes, &c. Conclusion, cela se resserre mais pourrait tout autant se desserrer. Une banalité de plus qui ne signifie pas grand' chose, une réponse de Normand ? Vous avez mieux ? Commentez. La question, c'est quelle majorité pour le vainqueur ou l'élue. Et là, mystère. Ce n'est pas parce que Benoît Hamon appellerait à voter J.-L. Mélenchon qu'il serait suivi. Marine Le Pen obtiendrait sans doute des ralliements, mais en nombre suffisant ?
Emmanuel Macron, assurément aussi, mais le "vote utile" est versatile. Quant à François Fillon, sa majorité, s'il l'obtient, serait fort composite. La France insoumise, inexpérimentée, verra s'enfuir des votes PCF et PS. Comptez sur des non-inscrits issus des partis de certains petits candidats. C'est le pot-au-noir. Mélenchon et Le Pen se sont aussi prononcés pour des référendums, ou Macron (sur l'Europe). Aucun résultat garanti.