"Selon" Médiapart, Penelope Fillon ne fut pas rétribuée par les contribuables depuis 1997, 1988, 1986 (déclarations successives de François Fillon), mais 1982. "Selon" Le Canard enchaîné, c'était depuis avril 1980, année de son mariage, alors que François Fillon, dispensé de porter l'uniforme après ses classes dans l'Armée de l'air (au Bourget), devenait chef de cabinet adjoint de Joël Le Theule, auquel il succédera à l'Assemblée. Ce "selon" a permis aux ténors LR de démentir la date de 1982 mais dès le lendemain, Me Anthonin Lévy, avocat des Fillon, confirmait les informations de Mediapart.
Ce mercredi, haro sur Le Canard enchaîné. Air connu. Jamais, au grand jamais, Penelope Fillon n'aurait été contractuelle pour plus de 6 000 francs bruts mensuels (en général, à l'époque, c'était du 4 500 maximum pour un tel poste), soit trois fois le Smic d'alors, en 1980-1981, avant de reprendre du service l'année suivante. Négatif. Pure invention. Le lendemain : positif, mais c'est un complot, de l'acharnement, un "assassinat" politique manigancé par le "cabinet noir". Le Penelopegate, pure affabulation ? Plus d'erreur, c'est le sieur Fillon ne voyant plus que des menées visant à le salir.
Bonne retraite !
Ce "selon Untel", formule toute faite, évitant le "Untel révèle que", un peu plus gourmand en signes ou syllabes, est reproché aux médias.
En face, le déni n'est pas exprimé par un "selon le porte-parole" du candidat. D'un côté, un Penelopegate monté par la collusion des médias, des policiers, des socialo-communistes et de la magistrature, de l'autre, des organes de presse qui attendent toujours que les menaces de poursuites en diffamation se concrétisent. Sous le titre "L'Enquête sur Penelope s'approche de son berceau…", Le Canard enchaîné précise avoir les preuves de la rémunération de Penelope Fillon pendant 15 mois en 1980-1981.
Et fait – enfin ! – état de la retraite de Penelope Fillon, 62 ans (cela tombe bien, avant que son mari reporte le départ en retraite à 65 ans), mère de famille nombreuse, à laquelle il manquera très peu (sinon aucun) trimestre cotisé par les contribuables. Je lis, en particulier sur des sites féministes, que Penelope Fillon n'aurait rien perçu, sinon de l'argent de poche en sus des frais du ménage.
Mais allez donc voir ses comptes sur le site Fillon2017 et soutenez aussi que sa retraite de l'Ircantec sera virée sur le seul compte jointe joint du couple. Le Canard dénonce aussi les fausses informations répandues par l'entourage du candidat selon lesquelles le dossier Fillon lui aurait été transmis "le mardi 9 janvier". Le 9 tombait un lundi. "Le 30 février peut-être", se gausse Louis-Marie Horeau. Que réplique François Fillon à BFM ? "Allez vous faire voir !". Si des journalistes sont agressés par certains de ses partisans, c'est qu'ils l'ont cherché : "que chacun s'interroge sur ses propres responsabilités". Cela vaudra quand des tribunaux, des commissariats, seront plastiqués ? LR, transformé en parti d'ultra-droite, s'accroche à la thèse du "complot politico-judiciaire" et pousse, si elle se qualifie pour le second tour, à l'abstention ou au vote Marine Le Pen.
La presse francophone étrangère (suisse, belge, québécoise…), en particulier, s'en inquiète : "l'affrontement Fillon-Le Pen serait plus favorable à la patronne du FN", relève Le Temps. Il n'y a que la presse anglaise soutenant le Brexit à, non pas s'en réjouir, mais s'en conforter (Marine Le Pen, cheffe des armées, enverrait une escadre française barrer l'invasion espagnole de Gibraltar ? Ah bon ! Un Mers-el-Kebir ibère ?). Le Financial Times, lui, considère que, même battue, Marine Le Pen et le FN engrangeront les fruits de l'entêtement de François Fillon. LR ayant perdu sa "raison d'être" (en fr.), verra riper des élus, des adhérents et des sympathisants vers le Front National. "Pas une voix pour Le Pen", s'écrieront les ténors de LR.
Trop tard, le Fi(l)on est tari, la tare, la tache, le marque au front. Le Penelopegate ne colle pas qu'aux basques de Fillon, Fillon, Fillon, Fillon & consorts (et de Marc Joulaud). Moins grave, mais significatif, révèle Le Canard. François Fillon est si bien entouré d'assistants, de conseillers, qu'il a oublié de changer de circonscription : il reste domicilié à l'hôtel Matignon et si Rachida Dati décidait de le radier des listes électorales, sa candidature serait invalidée. Penelope travaillait dur, mais on peut douter des qualifications et compétences.