D'un sondage à l'autre, d'un institut à un autre, aucun net basculement des intentions de vote ne s'affirme et le duo de tête reste Emmanuel Macron et Marine Le Pen, crédités chacun d'un quart des suffrages probables par le Cevipof. Quant à Fillon, il stagne à 17,5 % (ou 17 selon l'Ifop) mais le fait nouveau est que ses soutiens se disent désormais certains de ne plus varier (+7 pts). Ce alors que seulement 64% de l'ensemble des sondés s'affirment résolus à se rendre aux urnes. Cela laisse donc 36% de "flottants", mais ils sont très diversement répartis.
Car Marine Le Pen grimpe encore en pourcentage d'intentions fermes et définitives (82%, +4 pts).
Quatre sur onze
De précédents Sondages plaçaient Nicolas Dupont-Aignan juste au-dessus de la barre autorisant le remboursement des frais de campagne. En fait, il ne réunirait que 4% de l'électorat décidé à voter le 23 prochain. François Fillon restant stable au-dessous de 18%, comme Marine Le Pen, à 25%, et François Asselineau (tout comme Jacques Cheminade) n'étant crédité que de 0,5%, le total des "voix probables" de droite plus Front national s'établirait donc à 46,5%. En face, Jean-Luc Mélenchon grimpe à 15% tandis que Benoît Hamon fléchit légèrement (10%). Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jean Lassalle, qui fait figure de candidat centre-gauche, ne feraient qu'environ 1%.
Soit un total de 28%. Il faut donc estimer que la réserve de voix de la gauche serait à trouver du côté des abstentionnistes qui dépassent le tiers de l'électorat (34%). Vont-ils ou non pencher vers un vote "utile" (soit pour Emmanuel Macron) ou "de conviction" ? Ce sondage Cevipof, Ipsos-Sofra Steria pour la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde porte sur 14 300 inscrits sur les listes électorales, soit un plus large échantillon que nombre de sondages précédents.
Son autre intérêt réside dans le décompte des votes présumés "figés". Seuls les quatre candidats en tête, au-dessus de la barre des 5%, dépassent les 50% de votes "consolidés", mais c'est Benoît Hamon qui rassemble le plus d'électeurs "volatiles" : 48% de son potentiel est susceptible de varier. Soit d'acter, de fait, l'éclatement du réservoir des sympathisants du Parti socialiste (voire du PCF et des Verts), se tournant vers France insoumise ou En Marche !
Avec, très vraisemblablement, quelques retournements prévisibles lors des législatives (avec des votes de "compensation"). L'autre sondage d'avril, celui d'Ifop-Fiducial, portant sur 2 232 sondés, donne des résultats sensiblement similaires (26% pour Macron, 25,5 pour Marine Le Pen, 17 pour François Fillon). Les projections pour le second tour des sondages de fin mars-début avril font varier les résultats d'Emmanuel Macron entre 59 et 70% face à Marine Le Pen. En revanche, si François Fillon accédait au second tour, Marine Le Pen pourrait recueillir jusqu'à 46% des suffrages (cinq pts de plus au maximum que contre Macron). Ce qui laisse présumer qu'une partie de l'électorat de centre-gauche et de gauche (voire autre) s'orienterait vers un "tout sauf Fillon" dans la perspective d'une cohabitation et d'une majorité relative à l'Assemblée.
Cela étant, les débats, des accidents de parcours des candidats, un événement imprévisible d'ampleur, et de multiples facteurs peuvent encore faire varier cet incertain profil de l'opinion. Avant le Penelopegate, François Fillon recueillait jusqu'à 71% d'intentions de vote face à Marine Le Pen, par la suite, son plus bas se situait à 54%. Le Monde résume : "Mélenchon monte, Hamon dévisse, Le Pen et Macron se maintiennent". Il conviendrait d'ajouter, "Fillon stagne". Envers et contre beaucoup trop… Certes, selon un sondage Ifop pour Paris-Match publié ce jour, Fillon reste le plus apte à gouverner (27%) devant Emmanuel Macron. Mais il perd un demi-point (à 17%) et la confiance dans sa capacité à réformer fléchit. C'était, avec sa probité présumée, le point fort de sa campagne. Mais il semble à présent "cadré" voire otage de ses soutiens sarkozystes et antagonistes...