Hier, nous écrivions un article sur l'avenir de la gauche au lendemain de cette défaite historique à la présidentielle. Aujourd'hui, il est également essentiel de se poser la question de l'avenir de la droite, puisqu'elle est elle aussi morcelée à cause de cette défaite. D'ailleurs, elle est sans doute morcelée depuis la primaire, qui a vu naître la candidature de François Fillon : à ce moment déjà, des élus refusaient de soutenir son projet. Et ce phénomène de désobéissance s'est amplifié avec les affaires qui ont vu une bonne partie de ses soutiens le délaisser.

Aujourd'hui, Christian Estrosi appelle à une droite plus ouverte, et demande l'exclusion de son parti des élus ambigus sur le vote Macron au second tour.

Une droite ouverte mais qui exclut ?

La question de la ligne du parti et de son nouveau leader va être à nouveau mise sur la table, François Fillon excluant de s'investir en tant que candidat aux législatives ou aux sénatoriales, excluant aussi de prendre la tête du parti. Car, depuis dimanche, et peut-être même avant, le parti Les Républicains semble s'être scindé entre ceux qui apportent leur soutien plein et indéfectible à Emmanuel Macron, et ceux qui entretiennent l'ambiguïté voire le ni-ni. Ainsi, chaque camp qui s'est constitué au sein de ce parti souhaite l'éviction de l'autre, et on assiste à une véritable guerre des tranchées au sein même de la droite.

Hier, Christian Estrosi était sifflé par les militants républicains pour avoir accueilli à l'hôtel de région l'adversaire Emmanuel Macron ; aujourd'hui, il réclame l'exclusion des élus n'appelant pas à voter Emmanuel Macron.

Le sectarisme de François Fillon a été maintes et maintes fois critiqué pendant la campagne présidentielle, y compris dans son propre camp, certains dénonçant une nouvelle ligne populiste et démagogique.

Alain Juppé regrettait, dans une allocution devant la presse, la " radicalisation des militants LR ", et c'est sans doute ce à quoi va devoir travailler la direction du parti : faut-il une droite dure, sans compromis, ou bien une droite molle, ouverte aux autres partis ? Les cartes vont être rebattues également dans les alliances entre les partis, à commencer par celle entre LR et l'UDI, car c'est dans ce parti centriste que la contestation contre François Fillon avait été la plus forte au moment des affaires.

Droite chiraquienne ou droite thatchérienne ?

L'éternel débat entre deux droites, celle d'Alain Juppé et celle de François Fillon, devra être tranché le plus rapidement possible pour les échéances à venir. Car c'est probablement la persistance de ces divisions idéologiques qui a également été à l'origine de la cuisante défaite de François Fillon au premier tour de la présidentielle, certains élus pro-Juppé appelant carrément d'emblée à voter pour Emmanuel Macron. Bref, comme pour Benoît Hamon, François Fillon n'avait pas tout son parti derrière lui, et c'est sans doute ce qui a causé sa perte. Voilà pourquoi il faudra dorénavant travailler à ce que plus aucune ambiguïté ne subsiste au sein du parti : le parti doit unanimement soutenir son candidat, quelle que soit sa ligne, qu'elle plaise ou non.