La parole reprend ses droits, Macron, qui avait juré ne parler aux journalistes qu’avec parcimonie, s’aperçoit que sa politique débouche sur une impasse à cause de trois facteurs coordonnés que sont : l’absence de poids lourd dans son gouvernement pour relayer sa parole politique sur le terrain, le déficit d’explication de sa politique économique et sociale et l’incompréhension de sa politique par une partie de l’opinion, ce qui se traduit par une baisse drastique dans les sondages.

Après une campagne électorale au cours de laquelle il a été omni présent, Macron Président a voulu raréfier sa parole en la verticalisant et en substituant l’image au son.

Très vite Macron a compris le danger et il va modifier sa façon de faire. Il avait dit qu’il ne commenterait pas la politique intérieure française à l’étranger, or on s’aperçoit que cette jurisprudence de la verticalité macronienne a pris l’eau et, en Autriche, il a parlé des Français opposés aux réformes, même s’il l’a fait dans un contexte européen. Adieu les belles paroles et les belles promesses, voici le nouveau Macron qui va être obligé de faire une causerie aux Français de façon mensuelle, à la manière de Mendès France, et utiliser les journalistes pour diffuser de façon très concrète sa pensée.

Fini le temps de la communication, voici venu le temps du programme présenté aux Français comme Mendès France

Macron a compris qu’il fallait changer de logiciel en matière de communication et de présentation de son programme. La campagne électorale fut le temps de la communication. Il a voulu prolonger ce temps au moment où il assume la présidence de la République.

Les faits sont têtus et l’exigence du programme l’oblige à quitter l’habit de l’image pour endosser celui de la parole en direction des Français. Macron va donc descendre dans l’arène, faute de poids lourd dans son gouvernement qui parle de politique et qui relaye sa philosophie politique auprès des Français. A l’ère du numérique et des réseaux sociaux, quelles formes prendront ces causeries à la radio ?

Mendès France avait du souffle, une vision et un cap. Macron change sa façon de faire. Il est obligé de revoir toute sa politique de communication et renouer avec les journalistes. Pour l’instant les Français retiennent quelques mesures comme les ordonnances sur la loi travail, les APL, les réformes portant sur la taxe d’habitation, l’ISF, la baisse de l’imposition sur le capital et l'augmentation de la CSG. Ce sont de bonnes mesures mais qui ne structurent pas une vision à long terme. Sur la loi concernant la moralisation ou la confiance, Bayrou aurait fait le job que n’arrive pas à faire le Premier Ministre Edouard Philippe obligé de s’excuser au cours de l’émission BFM TV/RMC avec Jean-Jacques Bourdin.

Macron est seul dans l’espace politique. Les ministres qu’il a choisis sont considérés comme des experts techniques mais relativement taiseux.

Les Ministres ne sont pas très crédibles quand ils exposent le programme politique et social du Président Macron.

Macron a-t-il un programme économique et social clairement identifié avec des mesures, des moyens, une stratégie et une vision qui rassurent les Français. Le Président communiquant ne parle pas de son programme et on attend patiemment la rentrée de septembre pour le savoir. La radio est privilégiée par le Président de la République, mais c’est un média dont la portée est limitée. Le choix de la télévision s’impose car c’est un média de très grande écoute et qui touche un plus grand nombre de Français que la radio.

Quelle place donner aux journaux de province et ceux de Paris pour que les paroles présidentielle et gouvernementale soient entendues ? Avec le quinquennat, Macron fait une mauvaise analyse qui consiste à se tenir à distance des Médias car le temps médiatique et le temps politique vont quasiment ensemble. Sarkozy était trop volubile et trop présent, Macron se doit de construire un nouveau style de relation avec les médias. Il y a eu un effet de rappel de la réalité qui l’oblige à changer de méthode et à descendre dans l’arène. Le revirement stratégique de Macron montre que dans le quinquennat la méthode est beaucoup plus importante que l’existence d’un programme de réforme abondant. Macron a commis une série d’erreurs (démission du Général Pierre De Villiers qui s’est traduite aussitôt par une bronca de la classe politique qui conteste son autoritarisme).

Très vite, on remarque que Macron a commencé à dévisser dans les sondages,les nouveaux députés En Marche sont accusés d’amateurisme, l’opinion commence à douter et Macron est plus étudié sous l’angle de couacs, d’autoritarisme, que de Président ayant une vision réelle pour la France. Il est temps pour lui de descendre dans l’arène et de parler de son programme aux Français.