On l’a accusé d’être un Président des riches. Dimanche, il est apparu près du peuple et de la France populaire. On reproche à la classe politique d’avoir la langue de bois pesante, Macron parle vrai, utilise les mots que chaque Français a dans son bréviaire : fainéants, bordel, mots reconnus par l’académie française, non comme insultes, mais comme populaires et utilisés par un grand nombre d’entre nous.
Macron est sorti du silence qu’il s’était imposé vis-à-vis des journalistes pour s’adresser aux Français les yeux dans les yeux. Il assume ce qu’il a dit et il a expliqué pédagogiquement son programme économique et social.
Que nous dit Macron ? Nous avons vieilli, nous restons sur nos acquis et nous avons besoin de nous transformer. Macron est habile quand il utilise la métaphore de la cordée en faisant jouer son intelligence et sa capacité linguistique pour expliquer une réalité complexe, à la différence d’un Sarkozy qui avait un usage très limité de la langue par défaut de culture et d’instruction et d’un Hollande qui était plus tourné vers lui-même et ses copains journalistes.
La pédagogie macronienne : de l’utilité de l’explication de son programme aux Français
Macron a tout de suite balayé le propos de Président des riches en utilisant la métaphore de la cordée au lieu de la théorie du ruissellement reprise par Mélenchon qui l’a empruntée à des économistes américains.
En assumant les décisions prises en direction de nos compatriotes les plus riches en matière fiscale, il explique que ceux-ci sont en haut de la cordée, ils ne sont pas tous seuls et ils doivent tendre la main aux autres, ceux qui se trouvent en bas de la montagne et au début de la cordée, en créant des emplois pour eux. Il assume les décisions qu’il a prises et il refuse de se complaire dans une gouvernance bavarde comme celle de Hollande, et préfère le silence et le travail en respectant l’esprit des institutions de la 5ième République.
C’est le Président qui souligne la stratégie à long terme et c’est le Premier Ministre qui bavarde et parle à la société. Le Président intervient de temps en temps, comme ce fut le cas dimanche 15 octobre sur TF1/LCI.
La pédagogie de Macron insiste sur les réformes à venir (formation professionnelle, apprentissage, assurance chômage pour tous, intéressement et participation pour tous les salariés aux fruits de l’entreprise comme le Général De Gaulle l’avait souhaité en 1959, politique internationale, asile et immigration).
Certains estiment que le Président Macron n’a pas convaincu les Français. C’est le cas des Insoumis, de Mélenchon, des LR et du Front National. Pour ma part, son intervention fut un bel exercice de réflexion, de conviction et d’action pour la France de demain. Mais le Président ne doit pas rester seul dans l’explication de son programme aux Français. Les comités locaux doivent relayer son message sur le terrain. Pour ma part en tant que Professeur de Sciences économiques qui écrit énormément sur Macron sur les sites, j’y suis prêt. C’est une chance d’ancrer la France dans la mondialisation nouvelle du 21ième siècle.
La pédagogie de communication du Président Macron doit marginaliser les LR et les Insoumis
Pour les LR et surtout Wauquiez, l’homme à abattre est Macron. Pour Wauquiez, il faut une opposition systématique à Macron même si, sur certains sujets, il peut être d’accord avec Jupiter. Wauquiez fait un pari : soit Macron réussit et il est réélu en 2022, soit Macron échoue et c’est Wauquiez qui le remplace. Cette stratégie jusqu’au-boutiste de Wauquiez est contesté dans ses propres rangs par Solère ou Estrosi.
Pour les Insoumis de Mélenchon, la faiblesse du PS et du PCF est du pain béni car ils sont la seule opposition et ils estiment que Macron va se prendre les pieds dans le tapis. Macron, selon les Insoumis, a été élu sur une base sociale fragile et on risque d’assister à une fronde au sein de la majorité macronienne et, comme Che Guevara, Mélenchon pense être le recours.
Il faut donc très vite que le parti de Macron se structure, se mette en marche de manière différente. Il y a eu le temps de la conquête du pouvoir et il y a maintenant celui de la gestion de celui-ci. LREM doit réfléchir sur les modalités d’organisation du parti, sur la délégation des pouvoirs aux comités locaux et aux personnes ressources aptes à expliquer la politique du Président Macron sur le terrain.