Existe t-il un speed-dating des larves ? Cette méthode inventée aux États-Unis par un rabbin, désireux de promouvoir le mariage intracommunautaire, afin de préserver selon lui, la culture juive.

Comme il me plaît souvent à le faire, je débute mon article par un trait d'humour, et pourtant, je compte bien traiter d'un sujet grave, relatant l'union matrimoniale si je puis dire, de deux charmants insectes, mais qui à l'état de larves peuvent s'avérer être de dangereux destructeurs de la sphère agricole...

Un terrible parasite ! :

Soyons un peu plus sérieux...

L'union dont je viens vous parler aujourd'hui, ne s'est faite devant aucune autorité municipale, pas plus que scientifique, ou encore religieuse.

Deux insectes, que rien ne devait réunir à la base, ont tout de même décidé de s'unir.

De cette union improbable, est née une hybridation dont le fruit n'est autre qu'un terrible parasite, vorace comme on ne peut l'imaginer, et beaucoup plus inquiétant, multirésistant à tous les pesticides connus à ce jour.

Une nouvelle espèce d'insectes hybrides :

D'un côté avons-nous la "noctuelle de la tomate", quel charmant patronyme !, dont le nom scientifique est "Helicoverpa armigera", et sa partenaire, la "chenille de l'épi de maïs", affublée de façon un peu plus rustique, du nom scientifique d'"Helicoverpa zea".

C'est par le plus grand des hasard, que deux chercheurs d'un organisme de recherche australien de renom, le CCSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation), ont découvert dans des cultures maraîchères brésiliennes, une nouvelle espèce d'insectes hybrides des plus ravageurs pour les cultures, issue du croisement de la "noctuelle de la tomate", et de la "chenille de l'épi de maïs".

Domaines de compétences :

L'une comme l'autre œuvrent dans des domaines de compétences respectifs, mais ne rechignent pas à mettre leurs expériences en commun.

Parmi les plantes auxquelles s'attaquent les larves de la "noctuelle de la tomate", on retrouve pas moins de 100 variétés ! Telles que la tomate bien entendu, mais aussi le soja, le maïs ou encore le coton.

Et si l'on fait le bilan financier, des pertes occasionnées par les larves de ce sympathique papillon, on arrive à trois milliards de pertes au niveau mondial de la culture.

De plus, la larve est sournoise, puisque pour se délecter des plantes ou céréales qu'elle détruit, elle fait preuve de discrétion... S'introduisant en effet dans sa victime, et passant totalement inaperçue jusqu'à la récolte.

Déjà au fil des décennies, cette redoutable larve avait-elle développé une préoccupante résistance à de nombreux pesticides.

Le cocktail explosif ! :

La "chenille de l'épi de maïs", bien que considérée comme moins dangereuse, n'en est pas moins très proche de celle avec qui elle a décidé de s'unir, mais montre des préférences pour des cultures quelque peu différentes, telles que celles du poivron, de la salade, ou encore du concombre.

Ce qui inquiète la communauté scientifique, c'est le cocktail explosif que forme par association ces deux larves, dont l'hybridation offre une "super-résistance" commune à un nombre incalculable de pesticides.

Autant dire que les cultures maraîchères ou céréalières du monde entier se retrouvent subitement, menacées par un fléau qu'aucun scientifique ne maîtrise à ce jour.

Œuvre destructrice aux quatre coins du monde :

Bien entendu, de valeureux chercheurs travaillent sans relâche dans nombre de bureaux d'études, mais il semblent qu'ils soient totalement dépassés par l'affluence des nouveaux insectes mutants, dont parmi les plus dangereux 9 espèces ont déjà été répertoriées.

Ces espèces auraient commencé leur œuvre destructrice aux quatre coins du monde, ne semblant vouloir épargner aucun continent, et s'attaquent à une variété toujours plus large de fruits, légumes et céréales.

Un compte-rendu d'étude publié récemment dans les célèbres PNAS (Proceding of the national Academy of Sciences of the United States of America), se veut des plus alarmistes, selon Tom Walsh et Craig Anderson co-auteurs de l'étude.

On parle dores et déjà de 65 % de cultures disséminées aux Etats-Unis, et la France au vu des échanges commerciaux et ce que l'on appelle les déplacements humains, risque hélas d'être elle aussi prochainement touchée par ce terrible fléau.

Pour mémoire, c'est par le biais de ces échanges commerciaux, que la larve de "l'Anatrachyntis Riley", un papillon de nuit, avait de façon massive attaqué la culture du citronnier et du maïs.

De 20 à 30 % de pertes avant récolte :

Selon une étude de 2016, on estime que chaque année, les plantes cultivées subiraient de 20 à 30 % de pertes avant récolte.

Les insectes à eux seuls, seraient responsables de plus 69 milliards d'euros de pertes au niveau de l'économie mondiale.

Je vous laisse imaginer, à combien pourraient monter ce chiffre, si des insectes continuaient à muter, et à se transformer en espèces hybrides, sans que des scientifiques ne parviennent à mettre au point, des insecticides capables de les éradiquer.