Que les fans de l'acteur canadien se rassurent, on aime Ryan Gosling, son talent, son regard de tombeur, son timbre de voix si particulier, ses choix artistiques, sa discrétion et sa classe à toute épreuve !
Éternel sujet de fascination, Gosling est une star qui cache près de 20 ans de carrière derrière lui, à seulement deux années de la quarantaine. À l'instar d'un Redford ou d'un Clooney, l'ancien danseur en herbe de Disney s'est façonné une image d'étoile du 7ème art, à des années-lumière du citoyen-spectacteur. Intouchable, impénétrable, imperturbable, le comédien est autant fantasmé que jalousé, autant détesté qu'apprécié par les personnes qui l'ont mis sur un piédestal dont il n'est pas prêt de redescendre.
Pourtant, à l'apogée de sa gloire et de son épanouissement en tant qu'artiste, une pointe de nostalgie vient s'installer dès que Ryan se dévoile dans les salles obscures.
Avec Ryan Gosling, il y a un avant et un après Drive (2011) de Nicolas Winding Refn
Dans ce bijou déjà culte du danois violent, le blondinet irradie l'écran et est au sommet de son charme, de sa coolitude, de son talent. Bref, une étoile est née et file vers les succès (The Place Beyond the Pines, Blade Runner 2049, et surtout La La Land).
Si on salue ses récentes incursions osées et réussies dans la comédie avec Crazy Stupid Love, The Big Short et The Nice Guys, le beau Ryan va capitaliser sur sa marque de fabrique post-Drive qui lui offre la possibilité de briller dans un registre qu'il a souvent usé et répété, à tel point que ses performances comiques seraient presque réduites à des rôles à "contre-emploi".
Taiseux, regard intense et triste, minimaliste, aussi contenu que retenu avec quand même quelques explosions de rage. Only God Forgives, Song to Song, Blade Runner 2049, First Man. La mayonnaise Gosling prend à tous les coups mais dans une mise en abyme, certes efficace mais habituelle. Bien servi par des réalisateurs totems (Malick, NWR) et des metteurs en scène surdoués (Villeneuve, Chazelle), l'acteur est filmé à merveille mais en oublie peut-être le danger dans ses choix de personnages.
Qu'il soit voyou au pays du sourire, chanteur en quête de sens, réplicant 2.0 ou dernièrement astronaute déifié, Ryan est toujours bon, toujours lumineux et sympathique à suivre mais il se ressemble beaucoup de films en films. La star est consacrée, peut-être l'une des dernières de sa génération ou une dernière tout court, qui rappelle aux bons souvenirs de légendes comme Humphrey Bogart, Gene Kelly ou Cary Grant.
En plus jeune, plus blond et plus complexe, peut-être.
À la fin des années 2000, Gosling prendra 27 kilos pour un rôle qu'il ne jouera finalement pas...
Pourtant avant Drive et son envol populaire, Ryan avait l'amour du risque, des rôles de caméléon, son cache-cache incessant avec le spectacteur et une audace insolente (Une fiancée pas comme les autres en 2007). Un néo-nazi juif (Danny Balint), un élève machiavélique (Calculs meurtriers), un prof junkie dépressif (Half Nelson), un fils à Papa schizo (Love and Secrets). Ses films et surtout ses rôles s'enchaînent pendant les années 2000 mais ne se ressemblent pas. Toujours à la recherche de challenges, l'acteur prendra pas moins de 27 kilos pour jouer le rôle-titre d'un père de famille dans Lovely Bones de Peter Jackson.
Jugé trop jeune puis trop gros, le comédien, 27 ans à l'époque, sera viré au profit de "Marky" Mark Walhberg.
Des partitions périlleuses mais parfaitement délivrées par le jeune artiste qui trouvera sûrement son plus beau rôle en 2010 avec Blue Valentine. La rencontre puis la désintégration d'un jeune couple marié vue sur une période de 6 ans. Magnifié par la caméra de Derek Cianfrance et par son alchimie avec sa partenaire de jeu, Michelle Williams, Ryan Gosling est tour à tour séduisant, pathétique, torturé, touchant, musicien, beau, moins beau. Dean est la quintessence de plusieurs personnages qu'il a pu incarner depuis le début du nouveau millénaire. C'est crédible, c'est beau et c'est triste à en crever.
Aujourd'hui père de famille, le comédien ne nous avait pas autant fait pleurer depuis N'oublie Jamais (2004), une autre love story qui laissait présager un futur doré.
De nouveaux challenges à relever pour l'acteur canadien !
Alors ? Ryan Gosling, c'était mieux avant ? Non, c'est juste différent, plus sécure, plus simple, plus mature, plus confiant et plus occupé (deux petites filles, sa compagne Eva Mendes, sa casquette de réalisateur, producteur, compositeur...).
Et finalement, le goût du risque n'aura jamais vraiment quitté notre cher Gosling. Une expérience avec Winding Refn est souvent un saut périlleux dans l'inconnu. Tourner chez Terrence Malick, c'est bien. Apparaître dans le montage final d'un de ses films, c'est encore mieux.
Se mesurer à un Blade Runner iconique est dangereux. Enfin, on connaissait tous Armstrong, l'astronaute. On vient de découvrir Neil, l'homme.
Le prochain voyage de l'acteur ? Pressenti pour incarner le mordu de chocolat, Willy Wonka, il aura la lourde tâche de passer après ses ainés, Gene Wilder et Johnny Depp. Avec Ryan Gosling au pays des Oompa Loompa, on peut dormir sur nos deux oreilles.