Dans le règne animal, la conquête du territoire peut se faire au prix du sang, et les perdants doivent aller voir ailleurs. Les loups qui visent la ville de Berlin suivent certainement la logique des perdants : trouver un nouvel espace vital. En d'autres termes, obtenir un droit de cité à Berlin. Ces derniers rôdent en meute autour de la capitale comme des migrants en quête d'une terre d'asile. La question sur leur acceptation divise le pays tout entier.

Le retour des loups en Allemagne

Cela faisait un siècle et demi que les loups avaient disparu du paysage de la faune allemande.

Il y a de cela quinze ans qu'ils ont commencé à réintégrer la faune du pays, en passant par la frontière commune à la Pologne, et celle liée aux Tchèques. Leur vitesse de reproduction élevée est la principale cause de leur boum démographique. De plus, les autorités protègent ces animaux contre l'homme. Pas une semaine ne passe sans qu'ils ne soient pris en photo pour apparaître dans les journaux.

Certaines meutes ont été observées à la périphérie de Berlin, précisément à Brandebourg, la région qui ceinture Berlin. Robert Frank, un expert du loup, a découvert qu'un loup solitaire de cette région a trouvé une femelle et s'apprête à fonder une famille. Il y aurait ainsi plusieurs familles constituées dans la région, on en dénombre une trentaine de meutes.

La périphérie de Berlin est devenue le siège de migrants particuliers en quête de nouvelles terres.

Est-ce vraiment risqué de cohabiter avec les loups ?

C'est une question qui divise, d'un côté, les amis de la faune, de l'autre côté, les fermiers. Il y a aussi ceux qui craignent qu'une rencontre avec une meute de loup aboutisse à un désastre pour l'homme.

Pour les amoureux de la faune, c'est une richesse à préserver. Le loup craint l'homme et ne pourrait pas l'attaquer.

Au nord du pays, plus de dix loups sont observés dans le cadre d'une étude. Le spécialiste tient à prouver l'innocence des loups face à l'homme, en montrant qu'il est possible de se balader dans leur milieu sans courir le moindre risque.

Malgré leur fascination pour les loups, les 40000 visiteurs du centre ne sont pas tous persuadés par ses paroles. Pour les éleveurs, cohabiter avec les loups signifie vivre un cauchemar.

Ce n'est pas pour leur vie qu'ils les redoutent, mais c'est pour leurs troupeaux. Ces derniers sont pris pour cible par ces canidés, qui apprécient la chair du bétail, qui est disponible sans un véritable effort de chasse. A Brandebourg, les loups ont déjà tué parmi le bétail, ils représentent une menace sérieuse pour l'activité des éleveurs. Ces derniers exaspérés sont prêts à outrepasser les lois de protection des loups afin de préserver leurs sources de revenus, qui demeurent menacées malgré les compensations de l'Etat.

Les compassions des amis de la faune et les cris de justice des fermiers ne font qu'alimenter la tension qui règne autour de la question. Une réflexion solide et minutieuse est nécessaire pour apporter un minimum de satisfaction à chaque camp.