En ce 6 mai 2021, Christophe Lemaitre​, multi-médaillé en sprint​ dans tous les grands championnats depuis 2010, m'a accordé un entretien exceptionnel à moins de 3 mois des Jeux Olympiques de Tokyo 2021​.

Objectif Tokyo

Les prochains Jeux Olympiques se dérouleront à Tokyo du 23 juillet au 8 août 2021, soit dans moins de trois mois. En attendant, Christophe est confiant : ''Je vais bien, la préparation se passe plutôt bien, je vais commencer ma saison la semaine prochaine, je vais essayer de voir où j’en suis et viser les minimas pour pouvoir participer aux Jeux.

J’ai hâte de voir ce que ça va donner''. À Tokyo, sauf surprise, l’homme qui aura 31 ans le 11 juin prochain, s’alignera seulement sur 200 m.

Rio, une médaille et un souvenir incroyable

Il y a 5 ans aux Jeux Olympiques de Rio, Christophe décrochait la plus belle médaille de sa carrière, le bronze sur 200m. Aujourd’hui, avec du recul, il déclare : ''Pour le moment, ça reste le meilleur moment de ma carrière, le souvenir le plus fort, le plus marquant. À un moment donné, ce souvenir m’a poussé à continuer, à aller chercher des médailles dans les grands rendez-vous.

Cela me motive pour les prochains J.O. Je sais ce que j’ai accompli, je suis très fier de mon parcours. En étant objectif, je pense qu’il y avait moyen de faire encore mieux et j’espère continuer à gagner d’autres médailles dans les années à venir''.

Le sprinteur français aura 34 ans aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, de quoi motiver l’athlète : ''Cela va arriver plus vite, dans trois ans, il peut se passer plein de choses d’ici là mais terminer ma carrière à Paris lors d’une olympiade est forcément dans un coin de ma tête''.

Des titres à foison malgré une découverte tardive du sprint

Le natif d’Annecy a découvert l’athlétisme assez tard, à 15 ans. Nous étions en 2005. Trois ans plus tard, il sera champion du monde Junior. Il explique cette sorte de révélation tardive : ''Cela s’est fait presque par hasard, j’ai toujours aimé le sport depuis gamin, la compétition m’a toujours animée et le sprint est devenu comme une évidence quand j’ai découvert cette discipline.

En EPS, on me faisait des remarques sur ma vitesse et je me suis mis au sprint. J’adorais courir vite, la compétition, montrer que j’étais rapide et je n’ai jamais arrêté ce sport après car j’adorais trop cela, le sport individuel et la compétition avec les autres''.

2010, année de tous les records

Seulement cinq ans après avoir commencé le sprint, Christophe battra le record de France en passant sous les 10 secondes (9s80). À seulement 20 ans, il deviendra le premier sprinteur blanc à passer sous ce chrono mythique. Il déclarera en sortie de piste que ce n’est pas une question de couleur mais juste d’une barrière à franchir. Onze ans plus tard, il me confie : ''Passer sous les 10 secondes, ce fut un des moments les plus forts de ma carrière, je savais que j’en étais capable, accéder au niveau mondial, c’était un objectif mais (aussi) seulement une étape dans ma progression.

Faire partie des meilleurs mondiaux. Je savais que 9s98 était un gros chrono mais juste un palier franchi car tu ne fais pas partie des meilleurs avec ça, il fallait ensuite progresser''.

Et quelques semaines plus tard, il disputera ses premiers championnats d’Europe à Barcelone en 2010 où il brillera de mille feux. Lemaitre deviendra le premier sprinter à remporter le 100m, le 200m et le relais 4x100m lors d’un même championnat d’Europe. Exceptionnel. Pour Christophe, ce n’était que les étapes normales de son évolution et cela n’allait pas le changer pour autant. Son calme et ses mots, malgré la joie immense de 2010, le prouvent : ''Disons que, étonnement, j’ai bien géré ça, car j’avais un bon entourage, je ne suis pas resté focalisé là-dessus, j’ai continué à faire ma vie de jeune adulte normal, c’est pour ça aussi que je suis passé à travers de tout ça (l’engouement médiatique).

Je ne me suis pas pris la tête''.

Un an plus tard, tout s’enchaîne, il obtiendra sa première médaille mondiale à Daegu (2011), puis participera à ses premiers Jeux Olympiques à Londres en 2012 (il y gagnera - trois ans plus tard - une médaille de bronze sur tapis vert) avant de remporter trois nouvelles médailles aux championnats d’Europe de Zurich en 2014, faisant de lui l’athlète le plus médaillé dans des championnats d’Europe, toutes disciplines confondues.

Encore une fois, le sportif la jouera modeste en disant que c’est plus facile dans le sprint où l’on peut tripler les épreuves. Alors que je vantais son humilité, il m’explique simplement : ''C’est juste la vérité, je suis objectif. J’ai toujours été comme ça, je ne me suis jamais vanté de ce que je faisais. J’ai bossé dur pour ça, tout le monde bosse pour avoir des résultats dans n’importe quel domaine. C’était juste un objectif que j’ai réalisé, c’est tout''.

En ce qui concerne l’avenir, l’après athlétisme, Christophe sait où il va : ''J’ai beaucoup d’idées, pourquoi pas rester dans le milieu de l’athlétisme ou alors faire totalement autre chose, j’ai des projets perso et pro, comme m’améliorer au saxophone par exemple, j’ai aussi fait des études dans le Community management. Je veux juste être occupé et pas resté à rien faire. Je veux continuer à faire des choses qui me plaisent''.

L’entretien complet en vidéo à retrouver ici :