Le message vidéo publié mercredi matin par Jean-Luc Mélenchon était clair : il est ouvert à des négociations avec Benoît Hamon, puisque leurs projets respectifs sont proches, mais seulement si celui-ci acceptait de fermer la porte aux sociaux-libéraux du gouvernement. Cruel dilemme. Il est évidemment important, pour ce dernier, de montrer l'image d'une gauche unie, mais pas avec ceux qui ont contribué à appauvrir les Français pendant 5 ans. En clair, le candidat de la France Insoumise veut que le député des Yvelines renie ses engagements auprès du PS.

Comment ?

Construire une majorité gouvernementale stable

Le constat est simple : Benoît Hamon était frondeur pendant la seconde moitié du quinquennat, opposé qu'il était à la politique menée par le gouvernement. Or, s'il en venait à être élu Président de la République, il serait contraint de gouverner avec une majorité de députés socialistes, qui ont composé, pour la plupart, le groupe socialiste du dernier quinquennat au Parlement. Sauf que, idéologiquement, ce groupe socialiste n'est pas homogène, et qu'il comporte, aux yeux de Jean-Luc Mélenchon, des fruits pourris vendus au libéralisme. Ces derniers veulent d'ailleurs soutenir Emmanuel Macron à la présidentielle, déçus du verdict des urnes.

Il est impossible de gouverner sans un pouvoir législatif fiable, fidèle à ses idées. C'est pourquoi il semble aujourd'hui absurde de représenter l'alternative à gauche alors que l'on est minoritaire au sein de son parti. Voilà ce dont l'accuse le candidat insoumis.

Tourner la page du monde ancien

Jean-Luc Mélenchon propose justement d'exclure du jeu du pouvoir les partis traditionnels, qui ont été aux responsabilités depuis presque 60 ans en France.

Pourquoi ? Parce qu'ils sont inefficaces, selon lui. Le quinquennat Hollande prouve bien que même la gauche n'aide pas les Français à vivre mieux, plus dignement, ne se préoccupe pas davantage de leurs problèmes. Pour cela, le candidat insoumis prône, comme Benoît Hamon, le passage à une VIè République, où le peuple aurait plus de moyens de gouverner directement, disposerait de plus de contre-pouvoirs.

Il veut aussi, contrairement au vainqueur de la primaire, sortir des traités européens ainsi que de l'OTAN. Pour lui, les intentions du député des Yvelines sont louables, mais elles seront inefficaces si elles s'inscrivaient encore dans le cadre du monde ancien.

Il lui faut donc rompre avec ceux qui ont toujours représenté le monde ancien, qui ont écrit la page du monde ancien, pour mieux pouvoir la tourner. Telle est la proposition que fait Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon. On ne peut pas tourner la page du monde ancien avec ceux-là même qui ont contribué à écrire cette page. Bref, l'union de la gauche semble mal parti, puisque le vainqueur de la primaire sera condamné à plaire à l'ensemble des socialistes et à l'ensemble des insoumis, dans une très large fourchette et un impressionnant grand écart.

D'autant que Yannick Jadot, candidat d'ELLV à la présidentielle, même après avoir rencontré le député des Yvelines, a encore une fois affirmé son refus de se retirer au profit de l'ancien frondeur. Ce n'est plus qu'une question de semaines avant la présidentielle, les choix devront donc être faits rapidement.