Après sa victoire face à Manuel Valls au second tour de la primaire de la gauche avec près de 59% des voix, Benoît Hamon devait s'attendre à voir certains soutiens de l'ancien premier ministre rejeter sa candidature. C'est déjà chose faite ce mardi 31 Janvier ; 20 députés socialistes ont publié une tribune dans Le Monde sous la plume des parlementaires Christophe Caresche (Paris) et Gilles Savary (Gironde), dans laquelle ils informent de leur "droit de retrait de la campagne présidentielle". Pour le moment, seuls Alain Calmette (Cantal) et Gérard Collomb (Rhône) ont annoncé leur ralliement officiel à Emmanuel Macron, dont ils préfèrent le positionnement au centre, plutôt que vers la gauche radicale.

Les autres ne parlent pour l'instant que de prise de distance.

La plupart des députés co-signataires de la tribune du Monde font partie du "Pôle des Réformateurs", un courant du parti Socialiste situé à l'aile droite de la formation politique, et qui compte environ 50 parlementaires. Dans leur ligne de mire, les propositions sociales du candidat Hamon, et notamment le revenu universel d'existence, qu'ils comparent à une "dépréciation de la valeur travail", selon eux contraire à la culture socialiste : "Nous ne pouvons pas nous sentir liés par un projet de société fondé sur une logique d’assistance généralisée", déplorent-ils. Ils sont également contre l'instauration d'un 49.3 citoyen, refusent l'abrogation de la loi Travail, et reprochent au nouveau candidat PS une certaine ambigüité sur les questions de laïcité.

Sur LCP, François Loncle (Eure) déclare qu'il annoncera dans deux semaines si il se rallie à Emmanuel Macron, mais selon son collègue Christophe Caresche sur RMC, l'ancien ministre de l'économie pourra compter sur de nombreux soutiens supplémentaires dans les prochains jours. Quant au secrétaire d'Etat à la francophonie Jean-Marc Le Guen, membre de l'aile droite du PS, il estime dans Le Parisien qu'on "peut être socialiste et appeler à voter Macron".

Mais attention, car la commission d'investiture du parti aux législatives veille. Pour le député Pascal Cherki (Paris), soutien de Benoit Hamon, un socialiste qui ne voterait pas pour le candidat désigné "ne pourra plus être investi par le PS aux législatives".

PS : certains militants ne voteront pas pour Benoit Hamon

Dans les fédérations locales, une partie des militants fait également grise mine.

Dimanche soir, quelques minutes après l'annonce de la défaite de Manuel Valls, BFM TV recueillait la réaction de ses électeurs à chaud. La plupart des déçus reproche à Benoit Hamon sa démission de son poste de ministre de l'éducation en 2014 et ses nombreuses critiques sur la politique du gouvernement. "Je ne vais pas voter pour quelqu'un qui a trahi", entend-on, ou encore "on ne peut pas soutenir quelqu'un qui vous crache à la gueule depuis cinq ans", "par dépit, je voterai pour Macron". Certains militants ont déjà rendu leur carte du parti, d'autres se sont simplement mis en retrait en attendant d'observer la dynamique de la campagne de Benoit Hamon, mais aussi celle d'Emmanuel Macron, avant de faire leur choix le 23 Avril prochain dans l'isoloir.