Leurs chemins s'étaient séparés en août 2014, quand Benoît Hamon avait quitté son poste de ministre de l'Education Nationale en raison de désaccords avec la politique menée par François Hollande. Le frondeur breton élu des Yvelines, avait ensuite retrouvé les bancs de l'Assemblée Nationale, tout en préparant parallèlement la primaire de la Belle Alliance Populaire (parti Socialiste et alliés). Membre de l'aile gauche du PS, sa candidature n'était pourtant pas la plus évidente, et il a fallu l'abandon de Marie-Noëlle Lienemann et la non qualification de Gérard Filoche pour que ses idées trouvent écho auprès des sympathisants.
Seul le programme d'Arnaud Montebourg aurait pu, sur certains sujets, faire doublon avec le sien. Pourtant, Benoit Hamon a remporté le second tour de la primaire de la gauche face à l'ancien premier ministre Manuel Valls, défenseur et partisan de la ligne politique mise en oeuvre ces cinq dernières années.
Dès le lendemain de sa victoire, l'ancien leader du Mouvement des Jeunes Socialistes a rencontré le nouveau premier ministre Bernard Cazeneuve, qui l'a assuré de son soutien, puis le candidat investi par Europe Ecologie Les Verts, Yannick Jadot, afin de lui proposer un "contrat" de gouvernement. Ce jeudi matin, c'était au tour du président de la République de le recevoir à l'Elysée pour un entretien qui a duré un peu plus d'une heure, suivi d'une allocution de Benoit Hamon à la presse.
Ce fut surtout l'occasion pour les deux hommes de renouer le contact après des mois de tensions.
Les questions de défense au centre de la discussion
Le nouveau candidat investi a tout d'abord refusé l'idée symbolique que cette rencontre avec François Hollande représentait "un passage de témoin". L'entretien a surtout été axé sur "la construction européenne et les questions de défense", dans un contexte de menace terroriste et suite à l'arrivée de Donald Trump au pouvoir outre-Atlantique.
Ce dernier inquiète également les deux socialistes au sujet de l'accord sur le climat, que le nouveau président américain juge non prioritaire et trop contraignant.
Par ailleurs, lors de son discours à la presse sur le perron de l'Elysée après la rencontre, Benoit Hamon a indiqué que François Hollande ne lui avait donné "aucun conseil" pour mener sa campagne.
Le bilan du quinquennat qui s'achève a, bien sûr, été abordé, mais le nouveau candidat du PS, tout en reconnaissant "quelques acquis", préfère "se tourner vers l'avenir" et développer son idée de mutation numérique de la société, justifiant certaines de ses propositions-phares comme le revenu universel d'existence, en rupture avec les mesures mises en place ces cinq dernières années.
La campagne électorale officielle sera longue et sinueuse pour Benoit Hamon, qui a désormais moins de 3 mois pour convaincre les français, dans un contexte de rejet massif des personnalités socialistes. Malgré la chute de popularité du candidat de droite François Fillon, l'envolée d'Emmanuel Macron dans les sondages pourrait bien lui être fatale.