Empêtré dans l'affaire des emplois fictifs qu'il aurait attribués à sa famille et pour laquelle il sera peut-être mis en examen mercredi, François Fillon est également aujourd'hui soupçonné de prêts et d'achats de costumes non déclarés. Il a malgré tout présenté ce lundi son programme pour réformer "profondément la vie publique". Aussi paradoxal que la situation puisse paraître, ces propositions de mesure sont interprétées par certains comme une provocation.
De plus, elles ne figurent pas dans le programme de 98 pages déjà publié par l'équipe du candidat, qui s'est donc adaptée par la force des choses aux ennuis judiciaires de son poulain, en étoffant certains volets de son projet.
Lors de cette déclaration prononcée à son QG de campagne, François Fillon a tout d'abord proposé de diminuer le nombre de ministres, qui serait porté à "quinze membres au total", à l'image du gouvernement allemand. Certains premiers ministres français ont déjà commencé leur mandature avec un nombre restreint de collaborateurs, mais tous ont rapidement fait machine arrière pour contenter les ténors de leurs partis.
Toutefois, le candidat des Républicains évoque la présence de plusieurs secrétaires d'Etat "sans attribution particulière". Rappelons que selon la Constitution de la 5ème République, le salaire des secrétaires d'Etat presque identique à celui des ministres. Cette mesure ne sera donc pas forcément bénéfique pour les finances publiques.
Un code de bonne conduite pour les ministres
Si François Fillon devient le prochain président de la République, les ministres de son gouvernement devront signer une sorte de charte qui "garantira (...) la solidarité gouvernementale, la prévention des conflits d'intérêts et la bonne utilisation des moyens publics". En revanche, aucun détail n'a été apporté sur le contenu précis de ce "code".
Concernant les ennuis judiciaires que certains de ses ministres pourraient avoir dans le futur, François Fillon n'a évoqué aucune démission obligatoire, et pour cause, il sera peut-être lui-même mis en examen ce mercredi dans l'affaire des emplois fictifs. Mais Le Figaro rappelle, à juste titre, que lors de sa campagne pour la primaire, quand Nicolas Sarkozy était mis en cause dans l'affaire Bygmalion, François Fillon avait déclaré qu'aucun collaborateur mis en examen ne serait toléré sous sa présidence.
Et les parlementaires ?
Devant la presse ce lundi matin, le candidat LR ne pouvait pas écarter le thème des assistants parlementaires. Il souhaite ainsi une "modernisation" de plusieurs statuts : députés, sénateurs et assistants.
Depuis qu'il est inquiété par la Justice, le candidat des Républicains a mis à jour ses propositions, et plaide aujourd'hui pour une amélioration des "mécanismes de contrôle de déontologie" déjà en place à l'Assemblée Nationale et au Sénat, mais là encore la mesure reste assez vague. En revanche, il s'annonce intransigeant sur la publication obligatoire "des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs".