François Fillon devait se rendre au salon de l'Agriculture ce matin où il risquait de croiser Emmanuel Macron qui devait s'exprimer à la suite… d'une déclaration "solennelle" de François Fillon à son QG de campagne. Toute la matinée, le candidat avait consulté presque tous les ténors de Les Républicains, dont Nicolas Sarkozy. "Je ne renoncerai que si je suis mis en examen", avait déclaré François Fillon, puis il s'était rétracté, annonçant qu'il s'en remettait "au seul suffrage universel".

Hier soir, Le Canard enchaîné titrait "Ces désertions qui menacent l'équipe Fillon et le camp Hamon". Dans la matinée, Le Figaro indiquait que Patrick Stefanini, directeur de campagne, avait proposé sa démission. Le suspense était donc à son comble, à midi, ce 1er mars, alors que François Fillon tardait longuement à s'exprimer. Avec une demi-heure de retard, il annonçait qu'il était convoqué pour le 15 mars.

La justice critiquée

"Je ne reconnais pas les faits (...) l'enquête a été menée exclusivement à charge". François Fillon s'est longuement étendu sur les "failles" de la justice et de l'enquête : "la présomption d'innocence (...) a disparu".

"Ce n'est pas moi seulement qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle". Il annonce qu'il se rendra à la convocation judiciaire mais s'en remet au "seul peuple français". "Je ne céderai pas (...) je vous demande de me suivre". Il a aussi mis en cause la presse, et les "emballements de l'opinion". Ce fut ensuite un long plaidoyer pro domo. L'intervention s'est achevée sans que la moindre question puisse être adressée au candidat. Les diverses personnalités LR présentes, dont Nadine Morano, Robert Karoutchi, ont abondé dans le sens du candidat. Finalement, François Fillon aura su tirer la couverture à lui, créer un climat de tension... Aussi éclipser ses concurrents. Il avait été envisagé qu'un remaniement de son équipe de campagne serait annoncé.

Il n'en n'a rien été. De toute façon, tant que la levée de son immunité parlementaire n'est pas exigée et obtenue, François Fillon peut se maintenir... Il reste que les deux semaines qui viennent peuvent amplifier des réactions de l'opinion. De nombreux rassemblements, à Paris et en province, s'organisent. Fillon a certes dénoncé un "assassinat politique", en se disculpant, lui et ses proches, totalement. Il reste que les chefs de mise en examen sont lourds. Pour Emmanuel Macron, François Fillon a proposé une trêve judiciaire, qui devrait s'appliquer à "tout le monde", s'il a bien compris les propos du candidat LR, délinquants, criminels, &c. "Les mots ont un sens, François Fillon utilise des grands mots", ce qui, selon lui, traduit une perte de nerfs ou de sens commun.

Florient Philippot (FN) a rappelé que Marine Le Pen n'a pas, elle, été convoquée par un juge... "Monsieur Fillon a annulé le salon de l'Agriculture pour faire de la com'". C'est un peu ce qu'on peut en retenir.