Le peuple n'a pas répondu à l'appel de François Fillon, mais Bruno Le Maire et l'UDI, si… Mais élues et représentants du peuple de droite ayant voté UMP puis Les Républicains ont répondu très diversement. Voici donc divers nouveaux dissidents dont la liste s'allonge. Une maire bourguignonne, Marie-Claude Jarrot, et le sénateur Jean-Pierre Grand ont envoyé au Conseil constitutionnel un parrainage pour… Alain Juppé. Donc, outre les soutiens de Bruno Le Maire (le député-maire de Reims, Arnaud Robinet, ou Laure de La Raudière), il y a aussi le député des Ardennes Jean-Luc Warsmann et Catherine Vautrin, vice-présidente de l'Assemblée nationale, qui plaide pour le retour du "plan B".
Sur cette ligne, elle est rejointe par Pierre Lellouche, ancien secrétaire d'État, qui espère que le Conseil constitutionnel reportera la date des élections présidentielles. Il y a en fait, chez Les Républicains, les dissidents déclarés, Les Régaliens fermes sur leurs positions (Bruno Retailleau, par exemple), et Les Régaliens se disant toujours pro-Fillon mais lui savonnant de fait la planche. Ainsi de Valérie Pécresse qui ne risque pas de perdre sa présidence de la région Île-de-France, et qui ne manque pas une occasion de s'exprimer sur son opposition aux embauches familiales… Ou de rappeler que François Fillon n'a pas été désigné que par sa famille politique (sous-entendu, par des centristes anti-sarkozystes, ou peu convaincus par Juppé, par des Front national ou des socialistes considérant qu'il serait le candidat le plus facile à contrer).
Qui ne risque rien, n'a rien, certes, mais trop risquer, quand François Fillon se maintient coûte que coûte, beaucoup s'interrogent sur ce qu'il leur en coûtera. Le Penelopegate rejaillit sur toutes et tous.
Fillonistes dans la rue
François Fillon a peut-être réalisé une bonne opération de communication mercredi midi en termes de couverture médiatique.
Mais en tapant trop fort sur la magistrature, en posant tel un Staline ou un dictateur africain confronté à un vaste complot, en confondant "le peuple français" et les fractions, d'ailleurs fractionnées, de la population le soutenant quoi qu'il puisse lui, et non leur, advenir, il en a trop fait. D'où, au cours de la soirée, de nouvelles défections.
Comme celles de Michel Piron ou du sénateur Jean-Marc Gabouty (UDI), d'Alain Houpert (un sénateur qui avait déjà exprimé ses réticences). Quand Alain Houpert énonce "je n'ai pas envie de vivre dans une France dirigée au gré des promesses populistes de bonimenteurs", on se demande s'il n'inclut pas François Fillon à leur nombre. En Alsace, la probité, c'est une valeur intangible, et Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin pourtant Filloniste, se désiste : "il n'est plus possible de faire campagne contre la justice". Que Christine Boutin évoque la parole donnée et demande le retrait de Fillon étonnera moins. Que reste-t-il à Fillon ? Un quarteron de généraux qui viendront ou non rejoindre des militants descendus des cars et des bus pour faire masse place du Trocadéro, à Paris, dimanche. On comparera l'affluence avec celle du mouvement #StopCorruption. Pour Fillon, il s'agit de "dénoncer le coup d'État des juges".
Les deux plus hauts magistrats du pays ont répondu par un communiqué : "une atmosphère survoltée se développe dans le milieu politique (…) autour du travail de la justice", ont estimé les juges de Cassation (premier président et procureur général), présidents du Conseil supérieur de la magistrature. Une conférence de presse improvisée, une manifestation tout aussi improvisée, qui va mobiliser les forces de l'ordre largement plus utiles ailleurs, pour dénoncer les juges et la presse pourrie ? La lourde bourde supplémentaire de com' est résumée par #MaisLaFranceEstPlusGrandeQueMesErreurs. J'ai cessé de régler mes contraventions mais elles m'assassinent et la France, &c. François Fillon, non déjà assassiné par le ridicule, mais par le Penelopegate, fait désormais plus pitié qu'il n'inspire mépris ou détestation.