L'affaire Adidas est incompréhensible sans remonter au tout début, en 1992, quand Bernard Tapie venait d'accéder au poste de ministre de la Ville. Souhaitant éviter d'être accusé de conflit d'intérêt, il a vendu Adidas à une filiale du Crédit Lyonnais pour l'équivalent, en francs, de 317 millions d'euros. Mais il est mis en faillite en mars 1994 par le Crédit Lyonnais et vendu à des sociétés offshore, ce qui ne contrevient au contrat de vente initialement signé par Bernard Tapie. Ce dernier engage alors une procédure contre le Crédit Lyonnais, qui durera plus de 20 ans.
Escroquerie et détournement de fonds publics
Finalement, après un long arbitrage, il a été établi en 2015 que Bernard Tapie était plus au courant que ce qu'il affirme des opérations de vente du Crédit Lyonnais à ces sociétés offshores, et qu'il aurait même été le premier à en profiter. Autrement dit, il serait parvenu à se vendre Adidas à lui-même par un ingénieux tour de passe-passe. Ainsi, en 2016, une information judiciaire a été ouverte pour concussion, complicité et recel contre Eric Woerth, ancien ministre du Budget, qui aurait offert à Bernard Tapie un cadeau fiscal d'au moins 58 millions d'euros pour des sommes qu'il aurait perçues lors de l'arbitrage de l'affaire Adidas. En d'autres termes, Bernard Tapie aurait profité d'un don gracieux de l'Etat sous la forme d'une niche fiscale sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.