L'entretien téléphonique de François Fillon avec Nicolas Sarkozy puis avec Alain Juppé démontre une chose : l'ex Premier ministre n'était aucunement sûr de leur soutien, eux qui avaient pourtant accordé leur confiance à ce dernier à l'issue de la primaire de la droite. L'ex député de Paris aurait brièvement hésité, puis, tête brûlée, aurait décidé d'y aller quand même, coûte que coûte, d'où la nécessité de fédérer ses soutiens en mentant à certains. Alors que la guerre des chefs semblait définitivement enterrée grâce au verdict du peuple, elle est revenue au pire moment pour le parti Les Républicains, à celui où il avait justement besoin d'unité pour passer les obstacles menant au second tour.

Un mois de mars mouvementé

Ce fut un coup de tonnerre pour l'équipe de campagne de François Fillon : l'annonce de sa convocation devant les juges en vue de sa mise en examen le 17 mars. Celui-ci était persuadé que l'enquête, en quelques mois seulement, n'aurait pas le temps d'aboutir à une mise en examen, et c'est fort de cette conviction qu'il avait assuré, dans un JT de France 2, qu'il se retirerait en cas de mise en examen. Il était donc lié par sa parole, et a cherché des solutions pour s'en sortir : fustiger les médias, la justice, le pouvoir. Puis, il a dû conforter sa place de candidat auprès d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, pressentis pour le remplacer. Sans le mensonge dit à Alain Juppé, la campagne aurait probablement pris une autre tournure, puisque le candidat de la droite n'aurait eu d'autre choix que de se désister.