C'est une nouvelle affaire qui fait polémique, et elle est révélée par George Fenech, l'ancien député du Rhône, récemment battu aux élections législatives. Ce dernier semble bien parti dans un règlement de comptes envers François Fillon, qu'il a été obligé de soutenir pendant l'élection présidentielle. Dans les mois décisifs de cette campagne, George Fenech avait été le premier à demander le retrait de l'ex député de Paris, empêtré dans le scandale des emplois fictifs de son épouse, puis il s'était ravisé, visiblement rattrapé par les ordres émanant de son parti.

Ainsi, dans un livre dont la publication est prévue le 6 juillet, Qui Imagine Le Général de Gaulle mis en examen ?, il explique les ressorts de cette campagne, désastreuse pour les Républicains, et met l'accent sur un mensonge proféré par François Fillon à Alain Juppé lors d'un entretien téléphonique. Ce dernier aurait utilisé une fausse prise de position de Nicolas Sarkozy afin de convaincre le maire de Bordeaux de le laisser se maintenir dans la course à la présidentielle, alors qu'il était le plan B réclamé de toutes parts.

Un coup de fil à Sarkozy, puis à Juppé

Après l'annonce de sa future mise en examen, François Fillon aurait téléphoné à Nicolas Sarkozy afin de s'assurer de sa loyauté en toutes circonstances s'il maintenant sa candidature.

Ainsi, lorsque l'ex député de Paris aurait demandé son avis à l'ex Président de la République sur la conduite à tenir, sur un désistement ou sur un maintien, celui-ci aurait répondu : " Cette décision t'appartient en ton âme et conscience, je ne serai pas déloyal vis-à-vis de ta décision." Rassuré par cette réponse, l'ex Premier ministre aurait ensuite appelé Alain Juppé, plus réservé sur le maintien de sa candidature car le jugeant " compliqué ".

Alors, François Fillon aurait prononcé un double mensonge dans le but de convaincre le maire de Bordeaux de lui laisser sa chance à la présidentielle, en déclarant, d'une part, qu'il était prêt à se désister, mais que, d'autre part, Nicolas Sarkozy était opposé à une candidature d'Alain Juppé en cas de retrait : " Je serais prêt à me retirer, mais Sarko s'oppose à ta candidature.

Je suis le seul à pouvoir empêcher l'explosion du parti." Le maire de Bordeaux aurait visiblement été gêné par ce mensonge, car il a répondu par un silence. C'est ainsi qu'il aurait fini par accepter de soutenir la candidature de François Fillon.

Colère froide de Sarkozy

Mis au courant de ce mensonge, l'ex Président de la République s'en serait montré très agacé. En effet, des proches de Nicolas Sarkozy, présents au moment de la révélation de cette affaire, témoignent d'un accès de colère de ce dernier devant eux, comme l'indique George Fenech dans son livre : " Apprenant cette manoeuvre déloyale, Nicolas Sarkozy laisse éclater sa colère devant ses proches." Néanmoins, il convient de prendre des précautions à la lecture de ces révélations, puisque George Fenech a fait des tours et des détours en tant que soutien de François Fillon, appelant un jour à une candidature d'Alain Juppé, et donc à parrainer le maire de Bordeaux, puis le lendemain à rester loyal au candidat désigné par la primaire de la droite.

Selon lui, l'ex Premier ministre est responsable de la déroute de la droite à l'élection présidentielle, ce qui laisse craindre qu'il en ait rajouté dans son témoignage à charge contre François Fillon. Les deux réactions publiques de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé sur cette affaire sont attendues. Les effectifs des Républicains craignent un éclatement du parti, à l'image de celui du PS, miné par ses divisions internes et par la guerre des chefs.