Déjà deux mois que le gouvernement d'Edouard Philippe est en place, et les premières décisions sont de plus en plus précises. Les promesses de campagne sont désormais lointaines, et le nouveau gouvernement a déjà annoncé une importante coupe dans les dotations versées aux collectivités locales. Par ailleurs, la réforme de la taxe d'habitation devrait être moins large que prévu, et certains français issus des classes moyennes devront finalement s'en acquitter.
Parallèlement, le ministre de la Cohésion des Territoires a annoncé que les bénéficiaires de l'allocation logement dite APL verraient son montant amputé de 5 Euros par mois et par foyer à partir d'Octobre 2017.
Pour se défendre, il affirme que "cette décision est consécutive à l'application d'une réforme d'économie budgétaire décidée sous le quinquennat précédent et pas encore appliquée". Cette baisse avait déjà été évoquée le 12 Juillet dernier par le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. De son côté, l'ancienne ministre écologiste du Logement, Emmanuelle Cosse, crie au mensonge : "C'est faux ! Il n'y a jamais eu de décision de baisse généralisée des APL prise quand j'étais au gouvernement", déclare-t-elle. Elle ajoute que la réforme dont parle M. Darmanin consistait seulement à baisser les APL pour les catégories de la population les plus aisées et les foyers possédant plus de 30.000 Euros de patrimoine.
Rappelons que les allocations logement concernent surtout les 800.000 étudiants les plus pauvres dont l'habitation est le premier poste de dépense. Elles sont en moyenne de 225 Euros par mois et représentent 20 milliards d'Euros dans le budget annuel de l'Etat. La baisse évoquée de 5 Euros par mois ferait donc faire une économie mensuelle de 32,5 millions d'Euros.
Mais comme on pouvait s'en douter, cette décision a provoqué une levée de boucliers parmi les parlementaires, de droite comme de gauche. Selon Mathieu Orphelin, député macroniste de La République en Marche, "5 Euros par mois, pour les étudiants les plus précaires, ce n'est pas neutre".
Armées : plus d'un milliard de crédits immédiatement accordés
Dans un autre registre, la ministre des Armées Florence Parly a annoncé le dégel d'un important crédit alloué à la Défense, alors que le départ du chef d'état-major des armées Pierre de Villiers a créé la polémique en début de semaine, justement à cause de problèmes de budget.
Ce dernier a préféré démissionner en déclarant qu'il ne pouvait plus, à l'heure actuelle, faire fonctionner les armées avec si peu d'argent. Malgré son remplacement par le général François Lecointre, son appel aura visiblement été entendu par le gouvernement, et plus particulièrement par la ministre en charge des dossiers de défense. "Je suis en discussion pour que des crédits gelés en 2017 soient dégelés. C'est déjà le cas depuis jeudi pour 1,2 milliard d'euros qui nous seront restitués par anticipation dès ce mois-ci", déclare Florence Parly au Journal du Dimanche. Ces dégels de crédits interviennent généralement en fin d'année pour permettre aux armées de payer leurs dernières factures et de posséder une réserve de trésorerie.
Pas de cadeau donc, mais un strict respect de la loi de Finances avec une légère anticipation.
La ministre précise néanmoins qu'elle seule est habilitée à traiter les sujets budgétaires au sein de son ministère ; le chef d'état-major est, lui, en charge des opérations sur le terrain, "comme le prévoit la Constitution". Une façon de s'assurer que chacun reste à sa place... Enfin, les économies que devront toutefois réaliser les armées cette année toucheront les programmes d'équipements, et non pas les opérations en cours à l'international.