Depuis hier vendredi, le Front National réunit en séminaire son bureau Politique élargi à son siège de Nanterre, dans le but de refonder le parti après la défaite de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. C'est la présidente du FN elle-même qui l'avait annoncé le 07 Mai dernier ; la formation d'extrême-droite va subir des changements profonds. Ainsi, sept chantiers sont ouverts durant ce séminaire de refondation, afin de mettre le doigt sur ce qui a fait défaut au Front National aux présidentielles comme aux législatives. Les deux thèmes les plus attendus, la stratégie et le programme, seront débattus ce samedi.

Pour Joëlle Mélin, chef de la commission 'thèmes et programmes' du parti, le bureau politique doit revoir sa doctrine en déterminant "ce qui fait peur, ce qui braque". Elle ajoute que jusqu'à présent, le FN marchait "sur un vieux logiciel et de vieux réflexes". Les hauts cadres suivront-ils ces conseils ? La journée d'aujourd'hui sera d'ailleurs particulièrement chargée, avec cinq des sept chantiers à l'ordre du jour.

Les recommandations de Marine Le Pen

Pour ne pas donner l'image d'un parti divisé, Marine Le Pen a demandé à ce que règne la plus grande confidentialité sur le contenu et les compte-rendus des réunions qui vont rythmer tout le week-end. On sait néanmoins que la journée de vendredi s'est déroulée dans une ambiance "conviviale et décontractée".

Mais selon plusieurs sources internes, dont les propos ont été rapportés par Le Figaro, le ton serait monté au moins deux fois. Louis Aliot a notamment dénoncé les "copinages" de la commission d'investiture aux législatives. De son côté, Gilbert Collard souhaite voir disparaître le statut de vice-président.

Création d'un shadow cabinet

Wallerand de Saint-Just a ensuite présenté les recommandations du rapporteur sur le fonctionnement du parti. Il s'agit d'organiser le Front National en structure gouvernementale ; une sorte de gouvernement de substitution dont les membres auront un portefeuille dédié pour pouvoir réagir à toutes les mesures prises par le gouvernement d'Edouard Philippe, et présenter la contre-proposition du Front National.

A droite comme à gauche, le PS et les Républicains ont déjà appliqué cette méthode ces dernières années afin de mieux mettre en valeur leurs propres propositions.

Sur la question financière, les grands meetings de la campagne présidentielle ont été très coûteux avant la défaite. Il faudra donc revoir le système en privilégiant les salles plus petites et la proximité avec les sympathisants.

Deux lignes politiques s'affrontent

Enfin, le séminaire de ce week-end sera peut-être l'occasion pour le FN de réconcilier les deux lignes qui s'affrontent au sein du parti : celle du secrétaire général Nicolas Bay qui souhaite que le Front National se recentre sur ses thèmes premiers (sécurité, immigration, sortie de l'Euro), et celle du vice-président chargé de la stratégie Florian Philippot qui aimerait se rapprocher d'autres formations en traitant avant tout la thématique sociale, poursuivant ainsi le travail de dédiabolisation entamé il y a déjà plusieurs années par Marine Le Pen.

Sur le sujet monétaire, F. Philippot est partisan d'une ligne moins radicale et souhaite étudier la question en détails avant de prendre la moindre décision de sortie de la zone Euro.

Enfin, avec seulement 8 députés élus le mois dernier, il sera difficile pour le Front National de faire entendre sa voix à l'Assemblée Nationale. Il ne reste donc au parti que les médias - qu'il déteste tant - pour diffuser ses idées et draguer les électeurs.