Alors que tout cela semblait totalement invraisemblable il y a tout juste sept mois, Emmanuel Macron continue son avancée victorieuse dans la transformation profonde de la France que beaucoup, avant lui, avaient appelé sans succès. Et même si certains politiques avaient annoncé, dès le début de son ascension, l'éclatement de la bulle Macron, force est aujourd'hui de constater qu'elle a pris des allures de bunker. Même à l'heure actuelle et contre toutes attentes, le Président de la République bénéficie, d'une certaine manière, de la bienveillance des Français.

D'ailleurs, les polémiques autour de sa gestion du pouvoir qui pourraient donner l'impression de le fragiliser, lui donnent au contraire l'occasion de se remettre dans le bain.

Toutefois, avec le chantier de la réforme du Code du travail qui se clôturera dans trois mois, le Chef de l'Etat le sait bien, il marche sur des braises. Et si la mayonnaise n'a pas encore pris du côté des mouvements sociaux comme ce fût le cas chez son prédécesseur François Hollande, le locataire de l'Elysée préfère se montrer vigilant. En effet, en matière de grogne sociale, tout peut en l'espace d'une journée rapidement dégénérer. Si la marche des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon reste un succès en demi-teinte, le Premier ministre Edouard Philippe espère bien éviter une coalition de mécontents des différents réformes du Gouvernement.

Le maintien de la pression dans la rue

Pas question pour les Syndicats de relâcher l'étau dans la rue. Après trois marches aux résultats mitigés dont celle de Jean-Luc Mélenchon au lendemain de la signature des ordonnances, la mobilisation des routiers par FO et CGT-Transports témoigne, depuis lundi, de l'intention d'infléchir la position du Gouvernement.

La ministre des Transports Elisabeth Borne a appelé Syndicats et Patronat à la table pour échanger sur les moyens à mettre oeuvre pour lutter contre le "dumping social" et la "concurrence déloyale", tous deux très redoutés dans le secteur.

Bien sûr, éviter l'escalade des tensions lors les manifestations, éviter la fédération et le prolongement excessif des mouvements sociaux, ce sont là les trois défis qu'Emmanuel Macron se doit de continuer à relever.

Cela semble en bonne voie pour l'instant.

Les attaques sur la légalité de l'acte réformateur

Alors qu'elles feront l'objet dans trois mois d'une loi de ratification leur donnant force de "lois", les ordonnances portant la réforme du droit du travail peuvent être attaquées devant le Conseil d'Etat. Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé mardi avec le dépôt devant le Conseil d'Etat de trois recours portés par une vingtaine de syndicats CGT mettant en cause la conformité des ordonnances vis-à-vis du cadre fixé pour leur élaboration par la loi d'habilitation votée à l'Assemblée.