Le pont des idées entre la droite classique des Républicains et la droite extrême du Front National serait-il en train de joindre les deux rives du fleuve qui a toujours séparé les deux formations politiques ? Invitée ce dimanche du Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro, Marine Le Pen s'est déclarée plutôt favorable à une alliance entre le FN et Les Républicains, mais uniquement si ces derniers sont dirigés par Laurent Wauquiez, actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et candidat favori à la tête du parti dont l'élection aura lieu mi-Décembre.

"Quand j’entends le discours de Monsieur Wauquiez aujourd’hui je me dis : 'S’il est sincère, compte tenu des propos qu’il tient, il devrait aller jusqu’à proposer une alliance'", a déclaré la présidente du Front National.

Prête à discuter avec le parti ennemi, Marine Le Pen rappelle que ce projet d'alliance serait uniquement animé pour servir l'intérêt de la France et les éléments qui lui sont essentiels. Elle n'oublie pas les "grands principes" de son propre programme, et répète que la création d'un partenariat étroit avec Les Républicains se fera uniquement si le parti de la droite dite classique sort de certaines ambiguïtés. La présidente du FN déplore en effet que Laurent Wauquiez n'ait toujours pas clairement exprimé son désir d'aller "au bout de sa logique", même si il base ses nouvelles propositions sur la lutte contre l'immigration et l'insécurité, mais surtout sur une opposition frontale à la politique d'Emmanuel Macron.

Elle craint que le futur président des Républicains, si il est élu, ne revienne sur ces positions et balaye de la main "des propos électoraux". En effet, que dira l'aile centriste des Républicains d'un rapprochement avec l'extrême-droite ? De même, que penseront les plus fidèles militants du Front National d'une alliance avec ce qu'ils qualifient toujours de l'UMPS ?

"Des mots plus crus que les nôtres"

Mais Marine Le Pen a bon espoir. Elle rappelle que le discours actuel de Laurent Wauquiez emploie "des mots plus crus que les nôtres", et lui demande de ne pas se défiler en gardant une certaine cohérence. La présidente du FN évoque également l'arrivée des prochaines échéances électorales : les municipales de 2020.

Elle y voit l'occasion de "trouver des terrains d'entente", en commençant au niveau local. A l'échelle des communes, elle voit de nombreuses préoccupations identiques aux deux formations politiques, tout en reconnaissant des différences cruciales sur la politique économique au niveau national.

Marine Le Pen profite ensuite de l'occasion pour souligner la transformation de la ligne politique défendue par Laurent Wauquiez. Auparavant, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes faisait partie de l'aile centriste de l'UMP, puis des Républicains. C'est d'ailleurs pour cette raison que Nicolas Sarkozy l'avait fait intégrer son entourage proche lorsqu'il était président de la République. Pour la présidente du FN, "Monsieur Wauquiez a beaucoup changé.

(...) Il vient nous dire, en quelque sorte : ‘En réalité vous aviez raison’".

Les Républicains réagissent

Les propos de Marine Le Pen ont largement fait réagir suite à son passage face au Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro. Pour Bruno Retailleau, proche de François Fillon, Laurent Wauquiez a répété à plusieurs reprises que la ligne politique de son parti était "incompatible avec celle du Front National". Le président du groupe Les Républicains au Sénat ajoute que les mesures proposées dans le programme du Front National conduiraient à la faillite de la France et frapperaient en premier lieu les citoyens les plus fragiles.