Promesse de campagne du candidat Macron, le Gouvernement a annoncé jeudi par la voix de Gérald Darmanin le lancement d'un plan de 120.000 départs volontaires pour une vaste réforme de l'action publique française.

Dès son annonce, la nouvelle a eu l'effet d'une bombe dans les appareils syndicalistes, visiblement pris de court. Il faut dire qu'avec les nombreux chantiers ouverts par l'Exécutif depuis le début de son mandat, la mesure avait été oubliée dans un coin par les grands acteurs de la vie sociopolitique française. Mais plus concrètement, l'initiative intervient à un moment où l'État est plus que jamais assailli par des revendications sociales de tout ordre.

Entre le blocage des établissements pénitenciers et les mouvements pour les EHPAD, il devenait impératif pour Emmanuel Macron de manœuvrer pour éviter de se faire prendre au piège de la dangereuse spirale de gestion des crises qui aura empoisonné un certain nombre de quinquennats avant lui. Le président de la République a donc décidé de prendre le taureau par les cornes en s'attaquant directement à une "citadelle protégée".

Vers une fonction publique plus efficace et mieux outillée

Le fait qu'Emmanuel Macron dépose ce dossier sur la table du Gouvernement est l'affirmation claire de sa volonté de mieux répondre aux préoccupations des Français. Il estime que la réponse doit passer par la transformation d'un appareil étatique trop rigide et immobile.

Les objectifs sont de resserrer les rangs dans certaines branches de la Fonction publique et d'assouplir la charge des agents publics en redéfinissant leurs missions pour les axer sur un meilleur accompagnement des usagers. Pour rendre la manœuvre possible, le Gouvernement mise sur la possibilité offerte par le numérique de fluidifier une grande partie des services publics.

À côté de cela, c'est une distribution plus efficace et cohérente des ressources que vise l'Exécutif avec des investissements plus conséquents dans les secteurs prioritaires que sont l'Education, la Santé et la Sécurité. Un enjeu majeur donc pour le bon déroulé de son mandat.

Une manœuvre à hauts risques

Si la concertation de l'État avec les syndicats sur ce dossier explosif est appelée à durer un an, c'est certainement parce que le sujet est sensible, et à la limite du tabou.

La perspective de voir les prérogatives du fonctionnaire mises à mal au profit des contractuels promet déjà de soulever une partie d'un public déjà courroucé et désespéré. Des intersyndicales sont en préparation pour faire reculer le Gouvernement sur son projet. Peut-être un possible départ de fumée pour Emmanuel Macron en pleine négociation avec le Sénat pour sa réforme constitutionnelle.