Une enquête Opinionway-Comdata group pour Les Échos révèle que plus de 70% des Français et des fonctionnaires se disent favorables à la transformation de l'action publique annoncée il y a deux semaines par le Gouvernement.

L'information peut vraisemblablement paraître surprenante quand on a vu la réaction outrée des Syndicats à l'annonce du ministre de l'action et des comptes publics, Gérard Darmanin. Un "plan de départs volontaires" pour 120 000 agents publics et une rémunération au mérite, à défaut d'être inédite dans le secteur public, l'initiative lancée par l'Exécutif perturbe l'ensemble des représentations syndicales.

Un rapprochement jugé dangereux à la CGT entre les pratiques propres au secteur privé et le sanctuaire de l'appareil étatique que constitue depuis des décennies la Fonction publique.

Mais le constat reste sans appel car la première mesure est carrément plébiscitée avec plus de 3 Français sur 4 qui l'approuvent, mais aussi près de 72% des fonctionnaires interrogés. Quant à la mesure sur une éventuelle rémunération au mérite, ils sont 67% à y être favorables dans le grand public et 59% dans le corps des fonctionnaires. Si ces chiffres ne sonnent pas la fin de la fonction publique, ils notent une évolution significative des idées reçues autour de la question du fonctionnaire.

L'immobilisme pesant de la Fonction publique

Il faut dire que le soutien massif des agents publics pour le plan de départs volontaires du Gouvernement s'explique en grande partie par un besoin croissant de plus de mobilité pour les maillons d'une machine réputée implacablement immobile. En effet, il progresse dans l'opinion publique depuis déjà une décennie l'idée qu'un individu n'est plus appelé à passer toute sa vie professionnelle dans le même secteur ou dans la même fonction.

Et si le constat est fait chez l'ensemble des Français, il est aussi noté un relatif consensus auprès de toutes les sensibilités politiques comme en exemple dans l'électorat de Jean-Luc Mélenchon où les mesures annoncées sont plutôt vues d'un bon oeil.

La fin d'un fossé entre public et privé

Interrogé sur les raisons qui motivent une aussi grande adhésion au projet gouvernemental, le directeur adjoint d'Opinionway, Bruno Jeanbart, soutient qu'il y a une demande croissante des Français pour un alignement des conditions entre les secteurs public et privé.

Si la sécurité du travail a fait l'âge d'or de la fonction publique il y a quatre décennies, 57% des personnes interrogées se disent aujourd'hui favorables à une remise en cause du statut de fonctionnaires. Il faut dire que les tensions subies par les services publics donnent à réfléchir. La promesse d'Emmanuel Macron a un an pour se concrétiser et d'ici là beaucoup de choses peuvent encore se passer.