Réunis en urgence mardi soir dans le but d'accorder leurs violons sur la réponse forte à apporter aux annonces du Gouvernement faite lundi, les Syndicats auront finalement décidé de laisser une chance à la concertation, à condition qu'il s'agisse d'un dialogue et non d'un monologue.
Il faut dire que les mesures présentées en conférence de presse par Edouard Philippe ont eu l'effet d'une bombe pour de nombreux syndicalistes. Certains sont d'ailleurs allés jusqu'à évoquer une "réforme par surprise" du Gouvernement. Le secrétaire général de CGT-cheminots, Laurent Brun, a lui tout de suite appelé à une grande manifestation, envisageant même qu'un mois de grève devrait permettre d'infléchir la politique réformiste voulue par Emmanuel Macron.
Une initiative qui n'a malheureusement pas encore trouvé preneur tant la question est complexe.
L'Exécutif déterminé à aller au bout de son action
Au Gouvernement, l'objectif est clair comme l'a laissé entendre Edouard Philippe : transformer vite et en profondeur un secteur qui se sera laissé aller pendant des décennies à accumuler d'importants dysfonctionnements. Hors de question donc de reculer face à la grogne des Syndicats, mais toujours la nécessité de concerter pour avancer. Élisabeth Borne a ainsi annoncé qu'il y aura en parallèle deux mois de concertation avec les Syndicats et trois mois de débat parlementaire sur la question de la réforme de la SNCF.
La ministre des transports assure qu'ainsi les propositions reçues en négociations pourraient à chaque étape venir enrichir la construction du projet de loi par le biais des ordonnances.
Partant de là, les points de discussions avec les partenaires sociaux devraient s'articuler selon elle autour des conditions d'ouverture à la concurrence, du calendrier sur l'arrêt de recrutement au statut de cheminot, mais aussi sur l'organisation future de la SNCF.
Les Syndicats totalement divisés
Du côté des Syndicats, on s'offusque violemment du projet du Gouvernement et notamment sa volonté ferme de mettre fin à l'emblématique statut de "cheminot" qui aura forgé une partie de l'histoire de l'entreprise publique.
Et si la perspective que l'Exécutif le fasse par ordonnances écœure certains responsables syndicaux, l'intersyndicale réunie en urgence n'aura pas réussi se mettre d'accord sur un vaste mouvement commun à déployer pour refroidir les ardeurs du Gouvernement.
On n'en est donc pas encore à renverser la table, mais Philippe Martinez préfère prévenir, il existe des lignes rouges que l'Exécutif ne se doit pas de traverser. Le directeur de la SNCF Guillaume Pepy a pour sa part mis en garde contre une grève longue qui pénaliserait de façon certaine un ferroviaire français qui revient peu à peu sur la scène.