Réunis le week-end dernier au XVIème Congrès du parti, les responsables politiques et militants du Front National ont, par la voix de leur présidente Marine Le Pen, tenu à poser les bases nouvelles d'une refondation du mouvement d'extrême-droite vieux de 46 ans.

Il faut dire que la séquence était vivement attendu par les observateurs du monde politique. Après le fameux débat manqué de l'entre-deux-tours et l'échec cuisant qui s'en est suivi à la présidentielle et aux législatives, la patronne du FN avait besoin de montrer qu'il fallait encore compter sur elle dans la sphère politique.

Surtout que la défection de Florian Philippot, mais aussi la montée en force de Laurent Wauquiez ont de quoi inquiéter ses futures ambitions électorales.

Et si malheureusement la mécanique a pris du temps à se mettre en route, on assure dans le premier cercle de la députée du Pas-de-Calais que le renouveau du parti est en bonne voie. D'ailleurs, comme un symbole de cette volonté de changement en marche, le numéro deux du Front National Jeunesse a été écarté dans la foulée du Congrès après la révélation de propos racistes qu'il a tenu à l'endroit du videur d'une boîte de nuit. Si cela était acceptable avant, ce n'est plus le cas désormais.

Un nouveau nom pour faire oublier l'ancien FN

Pour marquer son évolution de l'extrême-droite vers la droite, la patronne du Front National a acté depuis quelques mois déjà le besoin de revisiter le nom du parti.

Un nom qui a, selon elle, tendance à noyer l'action du mouvement dans son passé souvent peu glorieux. Changer de nom a donc semblé pour elle une évidence afin d'éviter de faire peur à d'autres partis tentés par des alliances, mais aussi à de potentiels électeurs.

"Rassemblement National", c'est ainsi que la fille de Jean-Marie Le Pen a décidé de rebaptiser le parti fondé en 1972 par son père. Et si l'initiative pique la curiosité du monde politique, beaucoup se demandent si la philosophie de fond du mouvement va pouvoir muer.

Pas sûr en tout cas à entendre le discours de l'ex-député européenne très axé sur les questions d'immigration et de sécurité, et ne laissant pour l'heure aucune place aux sujets économiques.

Une course à la modernisation du parti en coulisses

Mais, bien sûr, la présidente FN sait qu'elle va devoir bouger quelque peu les anciennes lignes si elle veut laisser penser que son parti a vraiment changé.

De nouveaux statuts du Front National sont ainsi disponibles pour ses 40 000 adhérents qui ont jusqu'à juillet pour les valider. Ils prévoient notamment un conseil national des élus locaux dont le but sera de développer au mieux l'implantation locale du parti. Et à noter aussi que désormais le FN défendra « la souveraineté, l'indépendance et l'identité de la nation ». Une façon de rester proche de son électorat tout en élargissant.